Maxence Rifflet : « Une peine de prison est aussi une peine architecturale »
À l’origine sollicité pour animer un atelier avec des détenus dans une prison, le photographe Maxence Rifflet commence à s’intéresser à l’architecture carcérale lors de sa première visite de repérage. Accompagné par le centre d’art Le Point du Jour à Cherbourg, il se lance alors dans une recherche photographique sur l’architecture de sept prisons dans lesquelles il travaille pendant trois ans, lors d’ateliers artistiques dits « sociaux-éducatifs » avec des détenus. D’abord en Normandie, il se rend à la petite maison d’arrêt de Cherbourg construite en 1827, passe par les prisons de Caen, Rouen et Val-de-Reuil, jusqu’à la vaste maison centrale « ultra-sécurisée » de Condé-sur-Sarthe construite en 2013.

Il travaille aussi dans deux prisons emblématiques : le centre de détention de Mauzac en Dordogne, projet expérimental censé favoriser les relations sociales construit à l’initiative de Robert Badinter à fin des années 1980 et la maison d’arrêt de Villepinte, en surpopulation permanente. Car, à bien y regarder, à la faveur de leurs architectures toutes différentes, les modes de vie sont tellement singuliers dans chacune d’elles, que la peine de prison n’est pas seulement une peine temporelle, mais bien aussi une « peine d’architecture ». Alors que les prisons françaises accueillent plus de détenus que de places officielles, que de nouveaux bâtiments sont en construction, qu’une émission de divertissements entre détenus et surveillants a créé la polémique l’été dernier, pourquoi les conditions d’incarcération ne sont-elles jamais débattues ? A-t-on vraiment conscience de la manière dont on vit dans les prisons françaises ? Jusqu’au 27 novembre prochain, Le Point du Jour présente Nos prisons, une exposition de ce travail au long cours et publie un livre passionnant de l’artiste mêlant textes personnels, documents et divers registres d’images qui invitent à considérer la responsabilité collective que nous portons sur nos prisons. OR
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