matali crasset : « Le design ne doit pas imposer »
Du design de matali crasset, on ne dira pas seulement qu’il est responsable. Il l’est évidemment, en ce qu’il prend la mesure de l’impératif écologique et de son inscription au cœur de l’espace domestique. Mais pour y répondre, il ne se contente sûrement pas de ces petits accommodements par lesquels la production et la consommation dites « responsables » n’en sortent pourtant pas des circuits capitalistes. Plutôt, matali crasset propose de quoi « habiter » en ambiguïté : être chez soi mais regarder dehors, depuis une attache pouvoir se pro-jeter, vivre mille suites possibles à l’existence entre quatre murs. Cet habitat va de pair avec une pleine conscience des milieux et du soin à leur apporter, en affinité avec la protection de l’environnement.

Diverses, les contributions de matali crasset ne se limitent pas à la sphère domestique, mais se déclinent du design industriel au design public des espaces. On lui compte des centaines de projets, dont quantité lient des communautés humaines dans une même aventure collective, qu’il s’agisse d’imaginer un pigeonnier pour colombophiles, un kiosque aux abords du centre hospitalier universitaire d’Angers, ou des maisons sylvestres en Lorraine. Des expositions monographiques sont venues couronner ces trente années de travail, au Victoria and Albert Museum de Londres, au Cooper Hewitt Museum à New York, à l’Art institute de Chicago… En juin prochain, matali crasset chapeautera le festival de création contemporaine Le Nouveau Printemps, au cœur du quartier Saint-Cyprien de Toulouse. BT
Paru en novembre dernier, l’ouvrage Matrices[1], que vous cosignez avec David Bihanic, démarre par la mention du livre de Susan Snodgrass sur le design radical de Ken Isaacs[2]. Jusqu’à quel point reprendriez-vous le terme de radicalité associé au travail de Isaacs, un terme qui renvoie à quelque chose de bien précis, de bien situé dans l’histoire du design. Comment vous positionnez-vous par rapport à ce label ?
Je ne parle pas tant de rad