Cinéma

Martin Jauvat : « Le Grand Paris est un au-delà de la métropole, presque un nouveau monde »

Critique

Sublimer l’ennui et le quotidien d’une jeunesse périurbaine en attente de mouvements, voilà le défi que Martin Jauvat, jeune réalisateur français originaire de Chelles, relève avec brio depuis plusieurs années. Après les courts-métrages Le Sang de la veine, Ville éternelle et Mozeb, Martin Jauvat signe un premier long format grand écran pour le Grand Pari(s) d’une carrière prometteuse au cœur d’un renouvellement du cinéma de genre.

Grand Paris ! Le titre claque comme un étendard pour un film qui n’a de « petit » que son échelle de production. Bien qu’assez éloigné des « symphonies d’une grande ville », genre phare du cinéma d’il y a un siècle, ce premier long-métrage de Martin Jauvat se permet, à sa manière buissonnière et potache, de remodeler les formes urbaines de son temps à l’aune de l’imaginaire cinématographique. Cette drolatique épopée picaresque de deux vingtenaires en survêtement fluo, ayant trouvé un mystérieux vestige archéologique sur le chantier du Grand Paris Express, entremêle avec joie la comédie post-adolescente (tendance glande et vannes foireuses), le road-trip à portée de Pass Navigo et la science-fiction bricolée et poétique. L’air de rien, le film saisit un état de la grande couronne parisienne, dans l’attente d’une hypothétique transformation espérée avec l’arrivée de ce nouveau métro. Comment passer d’une urbanité « en chantier » à « enchantée » ? La réponse de Martin Jauvat invite à aller explorer derrière les palissades, à se perdre dans cet entre-deux péri-urbain comme à se raconter des histoires sur les drôles de monuments qui jalonnent cet horizon (la tour TDF de Romainville, la pyramide à degrés du lac de Cergy et les inénarrables sculptures de ronds-points).

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S’il s’agit d’un premier long-métrage, Grand Paris marque aussi l’aboutissement d’une démarche entamée dans des courts-métrages précédents (dont Le Sang de la veine et Ville éternelle de Garance Kim, coécrit et interprété par Martin Jauvat sont visibles en ligne), qui tous entremêlent, sur des registres différents (du fantastique « lynchien » à la comédie romantique), les espoirs et désillusions de la jeunesse avec l’exploration de ce territoire entre banlieue, infrastructures de transports et ruralité. JL

Grand Paris prolonge un précédent court-métrage Grand Paris Express (2021). Comment est venue l’envie d’un long ?
J’ai écrit une première version de Grand Paris en 2019, pour un moyen-métrage. Le


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