ChatGPT : « Le futur sera très différent du présent »
L’irruption de ChatGPT dans l’actualité, et pour beaucoup dans notre quotidien, fait partie de ces phénomènes à résonances science-fictionnelles dont nous devenons coutumiers. J’y suis particulièrement sensible depuis que j’ai initié ma thèse en histoire sur le thème de la littérature d’anticipation[1]. J’utilise et étudie ChatGPT dans un cadre professionnel, et je joue parfois avec à titre personnel. Je n’avais étrangement pas pensé à m’entretenir avec lui au sujet de mon travail de recherche universitaire, peut-être parce que l’idée était trop évidente, ou trop bizarre, mais lorsqu’elle m’est venue, je m’y suis immédiatement attelé.
On critique souvent l’intelligence artificielle pour ses « biais », mais il faut admettre ici que cet entretien est lui-même biaisé. Je n’ai pas questionné ChatGPT pour me divertir, chercher des informations ou m’aider à trouver des idées : je l’ai questionné pour le tester, pour mener avec lui une sorte d’expérience linguistique et philosophique.

J’étais d’abord curieux de savoir ce qu’il avait à dire sur mon sujet de recherche, notamment pour voir dans quelle mesure il le maîtrisait et comment il le traitait, et pour considérer ses réponses avec un regard universitaire. On s’alarme beaucoup du fait que ChatGPT et les agents conversationnels de son calibre seraient sur le point de bouleverser notre rapport au savoir et à la création : qu’en était-il dans mon domaine ? Il s’est rapidement avéré que cette préoccupation avait un intérêt limité, mais que, par contre, la science-fiction offrait un excellent terrain de jeu pour comprendre et éprouver cette IA d’un nouveau genre.
Au fil de cet entretien dont j’ai essayé de peser chaque « prompt », chaque « invite », comme manifestement il est déjà convenu d’appeler ces demandes ou remarques soumises aux IA dites génératives, j’ai exposé ChatGPT à de nombreuses références SF qui le concernaient au premier chef puisque, en un sens, elles l’ont annoncé, peut-être même suscité, et ont