Tacita Dean : « C’est la première fois que je réalise une œuvre qui semble me décrire, me dessiner »
Depuis ses premières œuvres et notamment Disappearance at sea (1996), on retrouve dans la grammaire de Tacita Dean les caractéristiques d’une formation de peintre tant dans la composition et le traitement des tableaux, animés ou inanimés, que dans leur fabrication même. Les films comme les dessins sont caractérisés par de longues prises de vue et une exploration de la narration, de la mémoire et de l’histoire. Après avoir déménagé à Berlin en 2000, l’artiste réalise plusieurs œuvres sur l’architecture allemande Fernsehturm (2001) puis sur la relation entre la technologie cinématographique et les notions d’obsolescence avec Kodak (2006). De récents travaux dont The Dante Project, (2022) actuellement à l’Opéra Garnier, ou sa rencontre avec Merce Cunningham, l’ont rapproché de l’univers de la chorégraphie et du ballet.

Les ensembles présentés actuellement à la Bourse de Commerce permettent la rencontre de deux enjeux majeurs de son œuvre : la temporalité tout d’abord avec la question du continu et du discontinu, puis celle d’un mouvement propre à l’image auquel le rayon vert, entre mythe et réalité, rendrait hommage. Il y a dans l’organisation même des travaux de Tacita Dean, la révélation de cette ligne serpentine, une géometrisation de l’image qui tend vers l’abstraction, peut être propre à l’usage particulier du film pellicule. La surprise de l’échange corrobore cet « autoportrait accidentel » qui définit l’exposition parisienne. Prenant appui sur les origines de son travail comme sur ses influences, notre discussion revient sur ce qui fait histoire dans l’image, sa construction, comme le tracé des lignes qui la définisse. L. G-D.
Une citation de vous dans les années 90 paraît résonner dans l’ensemble de votre carrière : « Toutes les choses qui m’attirent sont sur le point de disparaître. » Devons-nous voir ici un fil rouge de votre travail ?
En réalité il ne s’agit pas d’une citation mais de l’extrait d’un texte des années 90. J’ai gardé cette phrase en