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Jean-Paul Demoule : « Le livre, c’est un tout petit moment dans l’histoire de l’humanité »

Journaliste

Archéologue, professeur émérite de protohistoire européenne, premier président de l’Institut national de recherches archéologiques préventives qu’il avait participé à fonder, complice d’artistes comme Daniel Spoerri ou Sophie Calle, Jean-Paul Demoule s’est progressivement laissé ensevelir par les livres. Il profiterait de son séjour sur une île déserte pour prendre le temps de découvrir des livres qu’il n’a (encore) jamais lus.

Protohistorien, Jean-Paul Demoule a consacré sa vie de chercheur au Néolithique, c’est-à-dire à la coupure la plus radicale dans l’histoire humaine, la période où s’inventent l’agriculture et l’élevage. Archéologue, grand promoteur de l’archéologie préventive – il fut le premier directeur de l’INRAP –, sa curiosité également l’a conduit à s’intéresser à la création la plus contemporaine, en organisant la fouille trente ans après du fameux dîner enfoui par l’artiste Daniel Spoerri ou en collaborant plus récemment avec Sophie Calle pour une exposition au Musée d’Orsay. Pour AOC, il s’est prêté au jeu de l’île déserte, commentant à la Fondation Pernod Ricard une liste de dix livres résolument littéraire. SB

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Est-ce à travers les livres et par les livres que vous avez éprouvé, un jour, l’idée de devenir archéologue ?
J’ai eu envie d’être archéologue quand j’avais six ou sept ans, comme plein d’enfants, mais seuls les obsessionnels comme moi le deviennent vraiment. Je me souviens qu’à l’université beaucoup de mes collègues passaient leur temps à décourager les étudiants en leur disant qu’il n’y avait pas de travail en archéologie. Quand j’ai commencé, il y avait 600 archéologues professionnels en France, maintenant il y en a plus de 4 000. On peut donc effectivement trouver du travail en archéologie, surtout préventive, maintenant qu’une loi l’organise. Mais comme tout le monde, ce qui me faisait rêver au départ, c’était l’Égypte : Toutânkhamon, Ramsès II, etc., ce qu’il y a de plus spectaculaire. Ensuite, comme mes parents étaient professeurs de lettres, ils m’ont expliqué que la vraie archéologie, c’était Athènes, qu’il fallait faire l’école d’Athènes et que pour cela, il fallait faire l’École normale supérieure. Je l’ai donc fait très sagement. Mais quand j’ai commencé à préparer l’école d’Athènes, c’était un peu un cauchemar intellectuel. C’était la céramique grecque, les statues grecques, etc. J’avais en parallèle commencé à m’intéresser au Néolithiqu


Sylvain Bourmeau

Journaliste, directeur d'AOC