Hugo Vitrani : « Le graffiti peut être envisagé comme un soin »
À force de ne pas vouloir voir les œuvres montrées dehors, ceux qui écrivent l’histoire institutionnelle de l’art ont livré la scène du graffiti à un marché parallèle ou aux mauvaises politiques culturelles, et parfois aux deux bien soudés ainsi que le laissent deviner les très officiels et non moins abominables murs street art du 13e arrondissement. Il serait temps que la Mairie de Paris réalise que non, le graffiti ne se réduit pas plus à ces stars kitsch que la littérature ne s’incarne en Marc Lévy ou autre Guillaume Musso. Peut-être en venant visiter l’audacieuse et passionnante exposition que propose Hugo Vitrani au Palais de Tokyo, « La Morsure des termites ». Il en partage ici le propos, esthétique et politique. SB

« La Morsure des termites » se propose de réécrire un morceau de l’histoire de l’art au prisme du graffiti. On n’y trouve pourtant aucune œuvre de ceux qui sont aujourd’hui considérés par beaucoup comme les grands noms du domaine, les Banksy, Obey ou Shepard Fairey. Pourquoi ce parti pris ?
C’est vrai, l’exposition prend le temps de revenir aux sources d’une culture et d’un langage qui a multiplié les scènes et les générations. Elle fait le choix de ne pas se focaliser sur les formes les plus commerciales ou les plus célébrées mais de retourner à des figures qui sont restées dans la marge, non pas dans la marge de cette histoire-là – les artistes présents sont au contraire des figures iconiques de l’histoire de ces mouvements – mais dans la marge de l’institutionnalisation ou la marchandisation de ces formes. L’idée consistait donc à retourner chercher toutes ces figures pacifiées, cryptiques ou marginalisées – par choix ou parce qu’on ne les a pas placées sous la lumière –, toutes ces figures termites, des années 1970 jusqu’à aujourd’hui.
Et, dans l’exposition, les œuvres de ces figures sont mises en dialogue de manière assez systématique avec celles d’autres artistes qui ne sont pas associés à l’univers du graffiti mais à celui de l&rsq