Cinéma

Sean Price Williams et Nick Pinkerton : « Notre film parait surréel mais la réalité nous a rattrapés »

Critique

Chef op célébré de toute la jeune garde du cinéma new-yorkais, Sean Price Williams passe enfin à la réalisation avec l’inclassable et picaresque The Sweet East, mélange de conte et de satire qui ne s’interdit pas de retrouver un certain émerveillement dans l’arpentage toujours recommencé du territoire par une Alice au pays de Trump. Écrite par son complice Nick Pinkerton, cette odyssée, faite de rencontres loufoques et d’explorations ahuries parmi les communautés les plus improbables et les sous-cultures les plus extrêmes, dresse un tableau de l’Amérique par ses marges déviantes.

Cela fait longtemps que les cinéphiles ont repéré le nom de Sean Price Williams, chef opérateur, et à ce titre véritable partenaire de création de la jeune garde du cinéma new-yorkais (Josh & Benny Safdie, Alex Ross Perry, Ronald Bronstein). Chantre du tournage en pellicule et d’une image granuleuse, parfois voluptueuse dans son approche des visages, parfois plus heurtée pour restituer un chaos contemporain, Sean Price Williams passe enfin à la réalisation avec The Sweet East, sensation de la dernière Quinzaine des cinéastes.
À la faveur d’un voyage scolaire à Washington, la lycéenne Lillian prend la tangente, et telle une Alice d’aujourd’hui passe « de l’autre côté » du pays, à savoir celui remodelé par les fake-news et fantasmes malsains hérités de l’ère Trump. Son odyssée, faite de rencontres loufoques et d’explorations ahuries parmi les communautés les plus improbables et les sous-cultures les plus extrêmes, dresse un tableau de l’Amérique par ses marges déviantes. Il en ressort un inclassable film picaresque, mélange de conte et de satire qui ne s’interdit pas non plus de retrouver un certain émerveillement dans cet arpentage toujours recommencé du territoire.
Alors que plane la menace d’un come-back du Président maudit, un tel film apparaît aussi comme un coup de sonde dans la psyché de l’Amérique contemporaine. Mais en rencontrant Sean Price Williams et son fidèle complice et scénariste Nick Pinkerton, nous comprenons qu’ils préfèrent d’abord plutôt évoquer l’amusement qu’ils ont eu à fabriquer ce film, avant de livrer, au fur et à mesure de la discussion, leur sentiment quant à la fatidique échéance de novembre prochain. JL

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Comment le film a-t-il été reçu aux États-Unis ? Ce qu’il montre a vraiment des échos avec la situation politique actuelle.
Sean Price Williams : Le film est encore à l’affiche à New York, Los Angeles et d’autres villes, depuis trois mois. C’est ce qu’on pouvait espérer de mieux. Mais ce n’est pas le genre de film qui va créer u