Leila Kilani : « Les oiseaux ont fait le film avec moi »
En 2011, la découverte d’un premier film signé d’une jeune Marocaine inconnue, Sur la planche, avait été un des événements les plus remarqués, et les plus prometteurs de la vie cinématographique. Il aura donc fallu attendre bien longtemps pour découvrir le deuxième long métrage de Leila Kilani, Indivision, qui sort dans les salles françaises le 24 avril. Entièrement situé dans un vaste domaine aux environs de Tanger, lieu d’hébergement pour les oiseaux migrateurs et enjeux de spéculations foncières et de conflits entre générations et entre classes sociales, le film construit une fable à la fois mystérieuse et ludique, tendue et spectaculaire.

Aux côtés d’une adolescente qui ne parle pas mais est extrêmement affutée et incisive grâce à de multiples moyens d’expression, de son père comme elle passionné par les oiseaux et de la grand mère qui règne sur les lieux, le film déploie avec une impressionnante puissance poétique ses multiples thèmes, et la manière organique dont s’articulent privilèges archaïques, exigence écologique et réseaux sociaux. Comme elle le raconte ici, les conditions dans lesquelles Leila Kilani a réalisé son film ont largement contribué à lui donner sa forme singulière et inspirée. Indivision apparaît ainsi comme un film qui, du même élan, matérialise et sublime la confluence entre attention aux vivants et contraintes de production. JMF
Treize ans se sont écoulés depuis la découverte à Cannes, puis la sortie en salles de Sur la planche. La première question qu’on a envie de vous poser est : où étiez-vous passée ?
Après ce film, dont l’accueil m’a occupée pendant un certain temps, j’ai mis en chantier le projet qui me tenait beaucoup à cœur, et qui allait devenir Indivision. Il a été très difficile à élaborer et à mettre en place matériellement. Entretemps, j’ai écrit d’autres scénarios, notamment une série futuriste, située en 2080, avec des transhumanistes et des braqueurs de rêves, ainsi qu’un projet de film historique. Pendant longtem