Florian Dach et Dimitri Zephir : « On tente d’inscrire la création créole dans l’histoire du design français »
Davantage que designers, Florian Dach et Dimitri Zephir se définissent d’abord comme des « chercheurs-auteurs » en design. Entre Paris et la Guadeloupe, au sein du studio dach&zephir créé à la suite de leur diplôme à l’École nationale supérieure des arts décoratifs, ils abordent le design en premier lieu sous le prisme de ses histoires culturelles. Depuis 2015, leur recherche Élòj kréyòl (éloge créole) s’intéresse à l’Histoire des Antilles à partir de la Guadeloupe dont est originaire l’un d’eux, choisie comme terrain d’expérimentation et d’exploration. La Cité du design de Saint-Étienne leur consacre aujourd’hui une exposition monographique simé grenn dans le cadre du cycle Présent >< Futur qui présente un panorama d’une nouvelle génération de designers. Convoquant les archives, à la fois vivantes et « errantes » – selon la formule d’Olivier Marboeuf invité à écrire sur leur travail dans le catalogue de l’exposition –, ils inventent une méthode qui se nourrit des ressources, de formes et d’usages pour proposer un design contemporain à l’ère de la créolisation. O.R.

Pourquoi avoir donné le titre de simé grenn à votre exposition ?
Dimitri Zephir : Simé grenn veut dire « semer des graines » en français. D’abord au sens propre parce qu’il y a énormément de graines qui ponctuent les projets dans l’exposition. On a initié cette recherche en 2022 à la suite du salon de Montrouge autour du statut des graines aux Antilles et on l’a ensuite prolongée. Aux Antilles, il y a une relation assez forte au jardin et aux plantes, les graines en font partie. Elles sont utilisées à la fois comme plantes médicinales mais aussi pour leur portée symbolique, esthétique. Le titre de l’exposition a aussi un sens figuré. On considère que ce qu’on présente aujourd’hui est le fruit des graines semées durant bientôt dix ans. On avait la volonté de démontrer le potentiel de design, à la fois esthétique, symbolique et narratif des histoires créoles et de tenter d’inscrire plus durablem