Marianne Marić : « Il y a beaucoup de censure dans l’art en France »
Tout le monde n’a pas tout de suite compris pourquoi Marianne Marić a fait poser une jeune femme en train de faire pipi sur les pistes de bobsleigh de Sarajevo pour parler de l’Histoire de l’ex-Yougoslavie. Mais c’est peut-être ce qui caractérise le travail profondément chargé et engagé de l’artiste et photographe alsacienne, basée entre Strasbourg et Mulhouse, dont l’actualité est foisonnante en cet automne. Passionnée par la mode, les corps, l’architecture et la photographie de guerre, elle mélange avec lucidité ses récits personnels à ceux de la grande Histoire dans des œuvres qui peuvent au premier abord paraître d’une grande impudeur tandis qu’elle est plutôt du genre « pudique insolente ». Alors qu’elle expose à l’Hôtel La Louisiane pour PhotoSaintGermain [jusqu’au 10 novembre], au CEAAC à Strasbourg avec l’artiste hongrois Endre Tót et dans quelques jours au Palais de Tokyo, la cofondatrice du collectif Pétasse d’Alsace nous a parlé d’espace public, de femmes fontaines, de faire du pain avec ses fesses, de la censure et de son amour de la photographie argentique dans un entretien à bâtons rompus pour AOC. O.R.

On est dans la semaine la plus intense de l’année pour la photographie à Paris. Est-ce que c’est important d’être à Paris pendant Paris Photo pour une photographe ?
Marianne Marić : Paris Photo est un lieu où l’on peut voir des tirages photographiques extraordinaires, des tirages du siècle dernier. Moi, c’est ce que j’adore ! C’est aussi l’occasion de rencontrer les gens que j’aime, de revoir tous les contacts avec qui on a travaillé, ceux avec qui on travaille. C’est très émouvant de retrouver tous les passionnés de photo. Je me réjouis.
Vous travaillez aussi beaucoup le tirage photographique, ce qui n’est pas le cas de tous les photographes…
Je pense que c’est une question de génération. J’ai vécu le moment où le numérique est apparu. J’ai fait ma série du métro avec l’un des premiers appareils numériques que j’avais loué à quelqu’un.