Art contemporain

Roy Köhnke : « Je cherche à comprendre les mécanismes qui construisent notre regard et, par la même, nos corps »

Critique d'art

Quand les désirs sont formatés par des sociétés libérales autoritaires, est-ce résister que d’aimer et baiser différemment ? C’est l’une des questions qui structurent l’exposition « Fleur, feu » consacrée à Roy Köhnke par le Crédac, explorant les liens entre désirs, technologies, processus biologiques et sexualités queers. L’artiste revient pour AOC sur la manière qu’il a de faire face, par son art, aux diverses interrogations contemporaines.

Les œuvres de Roy Köhnke, né en France en 1990, sont traversées par une énergie tentaculaire, par une jolie décrépitude entre reliquaires technologiques et formes auto-immunes. Probablement l’aspect attirant des sculptures nous invite-t-il à une fausse proximité, à un scepticisme bienvenu. Chacun·e peut en faire l’expérience avec l’exposition « Fleur, feu », ouverte depuis peu au Centre d’art contemporain d’Ivry (Crédac) avec la complicité de Claire Le Restif.

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L’artiste propose, à travers un large ensemble de pièces, une immersion dans un univers équivoque et une expérience singulière de la sculpture. Il ne s’agit pas, ici, de travailler par l’explicite ou la provocation, mais bien de proposer une lecture par l’image, le savoir-faire ou le savoir-défaire de ce qu’est l’altérité. L’artiste nous parle de désirs et de sexualités, de rencontres et d’attirances, et cela hors d’un discours convenu et d’images stéréotypées.

Roy Köhnke, en prenant le parti de s’extraire du simplement humain dans ses représentations, s’offre la possibilité d’en dire plus, c’est-à-dire de trouver des consonances, des processus de séduction et d’hybridation. Intimement liée à des enjeux d’actualité, l’œuvre s’inscrit aujourd’hui dans une ligné, celle notamment d’une œuvre du vivant et de sa subversion. L.G.-D.

Vos œuvres, depuis une dizaine d’années, semblent prendre le parti de la sensualité et d’une radicale étrangeté. Faisant face aux interrogations de notre temps, c’est un discours profondément libre qui s’y élabore, depuis une évolution du regard sur le corps humain, sa finitude, mais aussi l’actualité ou encore les conflits culturels en cours. Déjà en 2020, Suspended Consumption apparaissait, dans vos expositions, comme un corps incertain. Pouvez-vous en retracer le parcours ?
En effet, Suspended Consumption est peut-être ma première expérience d’une sculpture qui dialogue corps à corps avec le spectateur. Ce projet est intimement lié à une expérience de vie en communauté, au s


Léo Guy-Denarcy

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