Laia Abril : « Les femmes ont souvent été surmédicamentées pour être mieux contrôlées »
Le monde est malade de sa misogynie. Si nous le savons bien désormais, il nous arrive de l’oublier tant ce mal est inscrit dans nos modes de vie, nos façons de faire, de dire, de voir… La domination masculine est un phénomène tellement structurel, tellement permanent qu’il apparaît difficile d’en faire l’histoire.
Dans cette tâche, l’historien peut toutefois compter sur le secours des artistes. Plutôt, la recherche historique peut emprunter certaines formes détournées pour exposer ces façons de faire, de dire, de voir, cette perception oblique de l’œil masculin. C’est un tel travail que l’artiste et chercheuse Laia Abril poursuit en ce moment, complétant son Histoire de la misogynie par une exposition sur l’hystérie collective, visible au BAL jusqu’au 18 mai prochain. Après « On Abortion » en 2016 et « On Rape » en 2020, « On Mass Hysteria » montre comment la résistance du corps des femmes à des conditions de vie insupportables échappe aux catégories de pensée des médecins, des prêtres, des journalistes, empêtrées dans des logiques où l’on attend des femmes d’être surtout des corps fonctionnels. L’exposition s’accompagne d’un cycle de trois conférences – « Déconstruire l’hystérie » –, où l’on retrouvera, par exemple, l’historienne Véronique Blanchard ou l’écrivaine Hélène Frappat.

Photographe et écrivaine née à Barcelone en 1986, Laia Abril a rejoint la résidence d’artistes de Fabrica en 2009 et a passé cinq années comme chercheuse, rédactrice et photographe au sein du magazine COLORS. Elle enseigne aujourd’hui les récits visuels à la Haute école de Lucerne, en Suisse. Laia Abril est représentée par la galerie parisienne Les Filles du calvaire et en Espagne par Set Espai d’Art.
L’exposition qui présente son travail au BAL, « On Mass Hysteria », confronte plus de soixante épisodes d’hystéries collectives à travers le monde, des effroyables chasses aux sorcières du XVIe siècle à des épisodes plus contemporains. Trois études de cas composent l’essentiel de l’