Marie Losier : « Tous mes films ont un lien au corps, au corps libéré, dans tous ses états »
Marie Losier est une cinéaste qui défie les catégorisations. On pourrait dire d’elle qu’elle est à la fois une documentariste, une cinéaste expérimentale et une portraitiste, mais ces étiquettes rendent peu justice à la diversité et, surtout, à la vitalité d’une œuvre entamée depuis plus de vingt ans. Sa filmographie se dessine comme une constellation de portraits de personnalités qui envisagent leur vie comme une performance, voire une œuvre d’art : le musicien Genesis P-Orridge, saisi lors de sa transition de genre (La Ballade de Genesis et Lady Jaye, 2011), le catcheur travesti Cassandro el Exótico (Cassandro the Exotico !, 2018), le musicien électronique et expérimentateur sonore Felix Kubin (Felix in Wonderland, 2019).

Et donc, aujourd’hui, Peaches Goes Bananas, enthousiasmant portrait au long cours de la musicienne, activiste queer et féministe Peaches, dont le premier tour de manivelle a été donné… en 2006. Film-patchwork qui circule avec une aisance stupéfiante entre scène, coulisses et intimité familiale, révélant le lien secret et sacré entre l’exubérante performeuse et Suri, sa sœur handicapée. Mais un tel film ne consiste pas simplement en un mélange de captations de spectacles et d’enregistrements du quotidien. Il se met véritablement à l’unisson de son modèle en prolongeant l’énergie des concerts qui interrogent les représentations du corps féminin via de stupéfiants jeux de costumes, de lumières et de rythmes. Sur la matérialité de la pellicule 16 mm se dépose, alors, un kaléidoscope vibrant, où s’entremêlent l’électricité de la performance, la ferveur de l’engagement et la joie de l’expérimentation.
Parallèlement à son activité de cinéaste, Marie Losier fait aussi œuvre de plasticienne. Au moment où nous la rencontrons dans son atelier aux murs recouverts de dessins flamboyants et de photos amicales, elle met la dernière touche à l’exposition « Hooky Wooky », présentée jusqu’au 31 août 2025 à Antre Peaux, à Bourges, avant d’aller présenter