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Lee Bollinger : « Une combinaison alarmante de forces constitue désormais une menace pour la pérennité de la démocratie aux USA »

Journaliste

Victime de coupes budgétaires drastiques et investie par les forces de police de l’immigration, Columbia University est clairement apparue ces derniers jours comme l’une des cibles emblématiques du nouveau régime politique de censure mis en œuvre par l’administration Trump. Celui qui fut plus de vingt ans président de cette prestigieuse institution, le grand juriste et spécialiste de la liberté d’expression Lee Bollinger analyse pour AOC la situation très préoccupante de la démocratie américaine.

Éminent juriste, spécialiste du premier amendement et donc de la liberté d’expression, Lee Bollinger a commencé sa carrière comme assistant du Chief Justice Warren Burger, président de la Cour Suprême américaine au début des années 1970. Professeur de droit et président de l’Université du Michigan, il fut à ce titre très impliqué dans la reconnaissance de l’affirmative action, notamment à travers deux décisions historiques rendues par la Cour Suprême (Grutter v. Bollinger et Gratz v. Bollinger) en 2003, alors qu’il était entre-temps devenu président de Columbia University, ce qu’il demeura pendant plus de vingt ans.

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Il analyse ici pour AOC la situation sur ce campus qu’il connaît bien, et qui fut investi ces derniers jours par la police de l’immigration à la recherche d’étudiants engagés pour la cause palestinienne. Cet entretien est aussi l’occasion, plus largement, d’apprécier au plan juridique la situation très préoccupante de la démocratie étatsunienne. SB

Quelle fut votre réaction à l’annonce par l’administration Trump des conséquentes coupes budgétaires visant Columbia University ? Est-ce une chose que vous aviez anticipée ?
Jusqu’ici chaque étape a constitué une surprise car jamais auparavant une telle stratégie d’attaque des institutions n’avait été mise en œuvre. Lorsque j’ai entendu parler pour la première fois de l’utilisation du financement fédéral comme levier pour tenter de prendre le contrôle des universités, j’ai été choqué, comme presque tout le monde – en tout cas dans une large partie de la société américaine. Des campagnes de pression similaires ont également été lancées contre des cabinets d’avocats, des entreprises, etc. Les universités ne sont qu’une des nombreuses institutions de la société désormais à faire l’objet de ce type d’attaques.

Mais y a-t-il quelque chose de spécifique dans le fait pour Trump de viser les universités ? Et, plus généralement, les institutions liés au savoir, à la connaissance ?
La perception générale, qui


Sylvain Bourmeau

Journaliste, directeur d'AOC