Lincoln Péricles : « Dans tous les sons directs de tous mes films, il y a la sirène de la police »
Depuis une quinzaine d’années, le cinéaste Lincoln Péricles filme son quartier de Capão Redondo, une périphérie de São Paulo à deux heures de transport en commun du centre métropolitain. Ses films souvent courts et percutants – le plus long Filme de Aborto dure à peine une heure – recueillent les pensées, espoirs et désespoirs de ses voisins et amis de tous âges. Ils oscillent entre films-tracts et documentaires composites, agglomérant archives, chansons, performances et témoignages, pour avancer avec une énergie rageuse et musicale. Fabriqué en autoproduction totale, ce cinéma du collage et de la réinterrogation d’archives historiques et familiales est aussi baigné de l’esprit du hip-hop dans sa rythmique de la revendication. À cette réflexion en images et en sons, Lincoln Périclès mêle aussi l’écriture, comme l’attestent ses différents manifestes publiés sur le site de la Cinémathèque idéale des banlieues du monde. Si certains de ses films étaient déjà accessibles sur sa page Youtube, Lincoln Péricles a enfin bénéficié d’une première rétrospective française, initiée par le festival Regards Satellites en février dernier. S’en est suivie pour lui une résidence artistique de deux mois, qu’il achèvera en présentant un « work-in-progress » au cinéma L’Écran de Saint-Denis ce dimanche 6 avril à 19h. J.L.

À côté de votre activité de cinéaste, vous êtes aussi musicien et écrivez de la poésie. Pourriez-vous parler de ce mélange de disciplines entre musique, poésie et cinéma ?
Le hip-hop est la forme d’art dont je me sens le plus proche. Je me sens comme un DJ. J’aime mixer et remixer la vie. Au début du hip-hop, les gens utilisaient des samples de musiques plus anciennes et de différents genres pour créer de nouvelles musiques. Je sens que je peux faire la même chose au cinéma, et pas seulement avec des images d’archives. Ce que je filme va aussi devenir une archive elle-même. À chaque fois que je filme, j’enregistre une nouvelle archive. Quand je monte, je peux