Musique

Alexandre Girard-Muscagorry : « Le musée insiste désormais sur la pluralité des musiques et des mondes »

Sociologue, Historien

Les instruments, loin d’être de simples objets sonores coupés de l’histoire, sont bel et bien investis de significations socio-politiques ; c’est ainsi avec l’ambition de les faire dialoguer avec les enjeux de société que le Musée de la musique a pensé son nouveau réaménagement. Intitulé « Des musiques et des mondes », le parcours assume une coupure franche notamment avec la séparation – datée – entre musiques européennes et « musiques du monde », valorisant au contraire les circulations et enrichissements mutuels entre mondes culturels et musicaux.

Lors de l’ouverture du nouveau Musée de la musique en 1997, dernière pierre d’une Cité de la musique pensée par François Mitterrand et Jack Lang comme le « Beaubourg de la musique », la collection d’instruments de musique d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques était majoritairement restée en réserve. En 2009, un premier réaménagement avait inclus dans le parcours une section dédiée, intitulée « Musiques du monde », dont la présentation et la dénomination changent ce printemps, dans de nouvelles salles désormais appelées « Des musiques et des mondes », qui ouvriront au public le 14 mai. Alexandre Girard-Muscagorry, conservateur du patrimoine en charge de ces collections au Musée depuis 2019, a été la pierre angulaire de ce projet. En 2023, il fut le commissaire de l’exposition Fela Anikulapo-Kuti. Rébellion afrobeat, et il a fait paraître, en 2024, un ouvrage intitulé La kora de Victor Schœlcher. L’empire d’un instrument ouest-africain (éditions de la Philharmonie), qui présente une partie de ses recherches sur l’histoire de ces collections. À travers la pluralisation des récits sur des objets, en partie acquis dans le contexte des empires coloniaux européens, la refonte du parcours propose une nouvelle approche de l’écoute, de la perception et de la compréhension de musiques longtemps définies de manière subordonnée par rapport au modèle européen. Autrement dit, il s’agit « d’en finir avec les musiques du monde », pour mieux penser la dimension constitutivement historique, sociale, politique et connectée des instruments. YK et LP

publicité

En quoi a consisté le réaménagement des collections du parcours permanent du Musée de la musique ? Quelles en ont été les étapes majeures et quels en sont les enjeux pour le Musée ?
Ce projet de réaménagement s’inscrit dans une démarche de visibilité croissante des collections d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques au Musée de la musique. À l’ouverture du musée en 1997, le choix avait été de centrer le parcours sur l


Yaël Kreplak

Sociologue, Membre associée au CEMS (EHESS/CNRS), chargée de recherche au CERLIS, chercheuse associée à l’Ecole supérieure d’art d’Avignon et à la Haute école des arts du Rhin

Louis Petitjean

Historien, Doctorant à l'université Paris 1 Panthéon Sorbonne en cotutelle avec l'Université de Bologne