Oliver Laxe : « J’ai d’abord dansé ce film »
Depuis sa mise à feu lors du dernier festival de Cannes, Sirāt a gagné sa réputation d’onde de choc qui fait autant trembler le grand écran que vibrer les fauteuils. Un père et son jeune fils se retrouvent au cœur d’une rave party clandestine au sud du Maroc. Ils recherchent la fille aînée de la famille qui aurait peut-être trouvé refuge dans cet univers alternatif. Cette immersion est le point de départ d’un récit initiatique croisant la culture techno, le nomadisme des teufeurs et le trip entre montagnes et déserts. Sirāt s’abstrait du monde, mais pour mieux dresser sa peinture écorchée d’un monde au bord de l’abîme. Entre moments planants et scènes choc, le film provoquera, à n’en point douter, des débats pour ne pas dire des réactions viscérales. On aurait cependant tort d’y voir un simple « coup de cinéma », tant le geste d’Oliver Laxe trouve ici un aboutissement. Si ce film-là prend une nouvelle dimension, notamment grâce au partenariat décisif avec le musicien Kangding Ray, il prolonge les inspirations des œuvres précédentes : le voyage spirituel (comme dans Mimosas qui suivait un cortège funéraire dans les montagnes de l’Atlas), et l’élégie paysagère sur une humanité meurtrie (comme dans Viendra le feu sur le retour dans son village de Galice d’un ex-pyromane). Évoquer Sirāt avec Oliver Laxe, c’est aussi revenir à l’amont de son inspiration pour mieux recueillir les propos d’un cinéaste qui vit chaque film comme une quête. J. L.

Sirāt reprend l’idée de Mimosas qui était à la fois un voyage physique et un voyage spirituel à travers l’Atlas. Est-ce que vous voyez une continuité entre ces deux films ?
Moi, je ne voulais pas faire Mimosas. Je voulais faire Sirāt mais c’est devenu Mimosas. Bien évidemment, j’aime Mimosas mais je trouve que c’est un spécimen bizarre, un film avec des belles irrégularités et qui vibre, mais j’ai eu la sensation de n’avoir pas abouti à ce que je voulais, qui était d’expérimenter vraiment la mort. C’est traité un peu dans M