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Joe Lowndes : « Face à un autoritarisme croissant, la démocratie dispose de très peu de ressources »

Politiste, Philosophe

Dans ses travaux récents, le politiste Joe Lowndes étudie les liens entre le conservatisme et l’extrême droite aux États-Unis depuis le début des années 1990 jusqu’à aujourd’hui, avec le second mandat de Donald Trump. À l’heure du fascisme 2.0, il pose la question de la possibilité d’un anti-fascisme renouvelé, à travers des formes de résistance collectives et locales. Cet entretien est la version écrite d’un entretien vidéo publié sur l’indispensable plateforme Diagrammes, dont AOC est partenaire.

Par deux fois, en 2016 puis en 2020, les primaires démocrates ont failli connaître un dénouement inédit. Alors même qu’il se définissait comme un socialiste et n’était même pas membre du parti, Bernie Sanders n’est pas passé loin d’obtenir l’investiture. Avant lui, sans doute, d’autres candidats progressistes avaient tenté de rallier l’électorat de gauche.

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Toutefois, la campagne de l’élu du Vermont était de nature différente : en tant que Sénateur indépendant, son objectif n’était pas tant d’élargir la base électorale du parti démocrate que d’obliger son appareil à changer d’orientation. Si le cas Bernie est à ce jour unique du côté des démocrates, il n’en va pas de même chez leurs rivaux républicains. Les tentatives de capture idéologique et institutionnelle de la formation conservatrice par une frange radicale y sont en effet récurrentes et souvent couronnées de succès. Telle est la thèse convaincante défendue par Joe Lowndes, qui est à la fois un fin analyste de la droite américaine et un intrépide ethnographe de ses courants les plus extrêmes. Au cours des six dernières décennies, explique le politiste, c’est peu dire que l’entrisme de la droite de la droite a porté ses fruits. Car même lorsque son premier assaut a été repoussé, à terme, elle a toujours fini par remodeler le parti républicain à son image.

From the New Deal to the New Right, le premier livre de Joe Lowndes, invitait déjà à réinterpréter de la sorte la victoire de Richard Nixon aux élections présidentielles de 1968 et de 1972. Plutôt qu’à l’absorption des démocrates du Sud dans un parti républicain inchangé, l’ouvrage montrait que la « stratégie sudiste » de Nixon correspondait à la conquête de son parti par les nostalgiques de la ségrégation. En dépit de la lourde défaite subie par Barry Goldwater à l’élection présidentielle de 1964, le processus de radicalisation républicaine entamé lors de sa campagne aurait donc été le prélude d’une transformation durable de la droite américaine. Le


William Callison

Politiste, Lafayette College

Michel Feher

Philosophe, Fondateur de Zone Books

Mots-clés

Extrême droite