Les dames de la Sécu
L’œuvre de Proust donne décidément réponse à tout, voilà qu’une nouvelle fois la preuve m’en est offerte. Je ne dis pas, notez bien, que son œuvre a réponse à tout, ce qui serait fastidieux et d’un piètre secours, non, c’est beaucoup plus fort : elle la donne, cette réponse, et même et peut-être surtout quand on ne lui demande rien. Le plus curieux, c’est qu’à la donner sans cesse elle n’en soit pas dépossédée pour autant, mais c’est une autre histoire et plutôt que ratiociner mieux vaut que je témoigne, droit au but, quitte à devoir en passer d’abord par quelques démêlés sordides avec la sécurité sociale à propos d’un arrêt de travail de sept semaines – puisque, oui, même les pires conséquences bureaucratiques d’une hospitalisation d’urgence peuvent se dissiper au contact deux fois involontaire de À la recherche du temps perdu, un éclair subitement dans le ciel de plomb et aussitôt de la légèreté dans l’air, on respire, j’appelle cela miracle, permettez.
C’est que nous arrivions fin août tout de même, temps des orages, et je sentais en mon for stress et colère monter, monter inexorablement, excédé que j’étais par les dames de la sécu, leurs messages dématérialisés jusqu’à l’abstraction en guise de réponses, leur plaisir malin peut-être à vous laisser dans l’incertitude la plus totale quant au versement d’indemnités attendues depuis trois mois et donc à la capacité toutes réserves épuisées de payer le loyer en cours, entendez le loyer d’ores et déjà en retard. Aussi obtuses que la question était simple et claire (à savoir : « quand, bordel ? »), leurs réponses chaque jour plus dilatoires n’alimentaient que les susdits stress et colère ; est-ce qu’elles le faisaient exprès, les dames de la sécu, est-ce que c’était pure bêtise, méchanceté de nature atavique ou nécessité d’obéir à dieu sait quelle consigne imposant de maltraiter les « artistes-auteurs » (ce sont elles qui le disent, et je ne pense pas que ce soit là manière de flatter mon ego) ? À moins qu’à ma troisiè