Un assassin d’un genre particulier
Je ne suis rien. Rien qu’une silhouette claire, ce soir-là, à la terrasse du café. Je ne suis rien et c’est ma force, sans identité, sans famille, sans patrie, sans prise. Inutile de me tracer, j’échappe. Ma main glisse sur le marbre veiné de la table. Je suis en phase avec cette sensation : une paroi de granit dépourvue d’aspérités, pas d’escalade possible. Le roc qui est en moi me rend inatteignable. En quelques mois, j’ai appris à traverser les lacs sans laisser de sillage. Aucune empreinte sur la neige, le sable ou les sols poudreux. Un courant qui se faufile, un souffle tiède. Mes doigts ont perdu leurs marques digitales. Aucun dépôt d’ADN ne trahira mon corps. Je ne suis qu’un reflet fantomatique, mais tellement vivant. La lumière du soir tremble dans mon verre de Chardonnay.
WASHINGTON – Je ne suis plus rien ce soir, rien qu’une silhouette effondrée sur la banquette arrière d’un taxi G7, doit penser le président démissionnaire des États-Unis. (UP, 4/11/2025)
Un assassin d’un genre particulier - 1
Il n’a l’air de rien. Rien qu’une silhouette fluide, ce soir-là dans sa chambre d’hôtel. Un homme mince, au cou élevé, le visage incliné vers l’avant. Malgré ses lunettes noires à large monture, sa barbe de quelques jours bien taillée, son bonnet de laine laissant échapper quelques cheveux sur le cou, il a quelque chose de féminin dans le port de tête, l’ouverture des épaules et un certain arrondi des gestes. Une douceur en contradiction totale avec la violence des actes qu’il a accomplis et qui ont mis en péril les plus grands États. Les révélations de l’opération « Coffres noirs » ont donné l’ultime coup de pioche aux façades hypocrites des gouvernements de toutes les couleurs politiques. Depuis, nos institutions sont des décombres, nos règles et nos valeurs des cendres. Face à moi, le « Grand exterminateur » sourit. (L’Univers, 15/3/2026)
BRUXELLES – La réunion d’urgence des chefs d’État européens a été annulée ce matin. La plupart n’ont pas pu gagner les bâtimen