Roman (extrait)

Quichotte

Écrivain

Le chapitre 1 du prochain roman (Actes Sud) de Salman Rushdie s’intitule « Où Quichotte, un Vieil Homme, tombe amoureux, se lance dans une Quête et devient Père ». Représentant de commerce d’origine indienne vivant aux États-Unis, celui-ci part en effet sur les routes, et à travers la folle époque actuelle, à la conquête de sa belle (une star de la télé – télé dont il est un amateur excessif), accompagné de Sancho, son fils imaginaire. Nous en donnons ici le chapitre 2, qui laisse découvrir l’ampleur exubérante, et pas seulement picaresque, de cet immense roman brassant la quasi-totalité de l’existence réelle ou fictive. Ainsi commence notre nouvelle série estivale de bonnes feuilles étrangères, en avant-première de la rentrée littéraire.

Chapitre 2

Un écrivain, Sam DuChamp, se penche sur son passé
et aborde un nouveau territoire

 

L’auteur du récit précédent, nous l’appellerons Brother[1], était un écrivain d’origine indienne qui vivait à New York et avait déjà publié sous le pseudonyme de Sam DuChamp huit romans d’espionnage qui avaient connu un (in)succès modéré. Au prix d’un surprenant revirement, il conçut l’idée de raconter l’histoire du fol Quichotte et de sa tentative vouée à l’échec de séduire la superbe Miss Salma R. dans un livre radicalement différent de tous ceux qu’il avait déjà écrits. À peine le projet germa-t-il en lui qu’il lui fit peur. Au début il ne parvenait pas à comprendre comment une idée aussi excentrique s’était logée dans son esprit et pourquoi elle insistait pour être écrite avec une véhémence telle qu’il n’avait d’autre choix que de se mettre au travail. Un peu plus tard, à la réflexion, il commença à comprendre que, d’une certaine façon qu’il ne faisait qu’entrevoir, Quichotte, le solitaire en quête d’amour, le raté insignifiant qui se croyait capable de gagner le cœur d’une reine, l’avait accompagné toute sa vie, double obscur qu’il avait discrètement épié de temps en temps du coin de l’œil mais n’avait pas eu le courage de regarder en face. Au lieu de quoi il avait écrit ses romans banals sur le monde secret en se faisant passer pour quelqu’un d’autre. Il comprenait à présent que cela avait été un moyen d’éviter l’histoire qui se révélait à lui tous les jours dans le miroir, ne fût-ce que du coin de l’œil. Sa pensée suivante était encore plus alarmante : pour expliciter la vie de cet homme étrange dont il s’apprêtait à chroniquer les derniers jours, il serait amené à dévoiler sa propre personnalité autant que celle de son sujet car l’histoire et le narrateur étaient étroitement liés par la race, le lieu, la génération et les circonstances. Peut-être cette étrange histoire était‑elle une version transformée de la sienne. Quichotte lui-même aurait pu dire, s’il avait été au courant de l’existence de Brother (ce qui était impossible, naturellement), qu’en fait l’histoire de l’écrivain était la version modifiée de sa propre histoire plutôt que l’inverse et il aurait pu affirmer que cette vie « imaginaire » était le récit le plus authentique des deux.

Donc en résumé : tous deux étaient des Américains d’origine indienne, l’un réel, l’autre imaginaire, tous deux nés, longtemps auparavant, à ce qui était alors Bombay, dans des immeubles voisins, les deux lieux bien réels. Leurs parents auraient pu se connaître (si ce n’est qu’un des couples de parents était imaginaire), et avaient peut-être joué ensemble au golf et au badminton au Willingdon Club et siroté des cocktails au coucher du soleil au Bombay Gym (deux adresses existant dans le monde réel). Ils étaient à peu près du même âge, l’âge auquel pratiquement tout un chacun est orphelin et leur génération qui avait fait de la planète un formidable chaos était sur le point de tirer sa révérence. Ils souffraient l’un et l’autre de problèmes de santé, Brother avec son mal de dos et Quichotte qui traînait la patte. Ils retrouvaient des amis (réels, imaginaires) et des connaissances (imaginaires, réelles) de plus en plus fréquemment dans la rubrique nécrologique. Il ne resterait plus grand-chose de tout cela dans les temps à venir. Il existait aussi des coïncidences plus significatives. Si Quichotte avait glissé vers la folie en raison du désir qu’il éprouvait pour les gens qui vivaient derrière l’écran de la télévision, Brother, lui, avait peut-être été rendu fou en raison de la proximité d’une autre réalité, masquée, au sein de laquelle on ne pouvait se fier à rien, où la trahison était omniprésente, où les identités étaient instables et changeantes, la démocratie corruptible, où l’agent double aux deux visages et l’agent triple aux trois visages étaient des monstres quotidiens, où l’amour exposait l’être aimé au danger, où l’on ne pouvait pas faire confiance à ses alliés, où l’information était aussi souvent du plaqué or que de l’or véritable, où le patriotisme était une vertu que ne viendrait jamais saluer la moindre reconnaissance ou récompense.

Brother avait de nombreux soucis. Tout comme Quichotte, il était seul et sans enfant même s’il avait eu autrefois un fils. L’enfant avait disparu depuis longtemps tel un fantôme, ce devait être un jeune homme à présent et Brother qui pensait à lui chaque jour était très affecté par son absence. Sa femme aussi était partie et sa situation financière frisait la précarité. De plus, au-delà de ces questions personnelles, il s’était mis à avoir l’impression que quelque chose le menaçait, que des voitures aux vitres teintées se garaient au coin de chez lui, en laissant tourner le moteur, que des bruits de pas s’arrêtaient quand lui-même arrêtait de marcher et reprenaient quand il se remettait en marche, qu’on entendait des cliquetis sur sa ligne téléphonique, que d’étranges problèmes se manifestaient sur son ordinateur, que des messages publicitaires contenaient, pensait‑il, des menaces dissimulées sous la banalité des mots, que des intimidations arrivaient sur son compte Twitter, que des rumeurs émanant de sa maison d’édition laissaient entendre qu’il se pouvait que les auteurs de seconde catégorie dans son genre aient du mal à être publiés à l’avenir. Il y avait des incidents avec ses cartes de crédit et ses réseaux sociaux avaient été trop souvent piratés pour que ce fût l’effet du hasard. Un jour qu’il rentrait chez lui dans la soirée il eut la conviction que son appartement avait été visité même si rien n’avait été déplacé. Si les deux principes régissant l’univers étaient la paranoïa (la croyance selon laquelle le monde avait un sens mais que celui-ci se situait à un niveau caché et qui était très probablement hostile au niveau visible, absurde, autrement dit, en bref, à vous) et l’entropie (l’idée que la vie n’avait aucun sens, que la réalité s’effondrait et que la fin du monde dans une chaleur apocalyptique était inévitable), il était assurément dans le clan des paranoïaques.

Si la folie de Quichotte l’amenait à courir à sa perte, les angoisses de Brother avaient tendance à déclencher chez lui une stratégie d’évitement. Il voulait s’enfuir mais ne savait ni où ni comment, ce qui ne faisait qu’aggraver ses craintes parce qu’il savait que dans ses romans d’espionnage il avait déjà répondu à sa question. On peut fuir mais pas se cacher.

Peut-être qu’écrire sur Quichotte était sa façon de se détourner de cette vérité.

Il avait du mal à évoquer des sujets personnels parce qu’il n’avait jamais été du genre à se confier. Tout petit déjà il avait été d’un tempérament secret. Enfant, il mettait les lunettes de soleil de son père pour dissimuler son regard qui en disait trop. Il cachait des objets et jubilait en regardant ses parents chercher leur portefeuille, leur brosse à dents, leurs clefs de voiture. Ses amis se confiaient volontiers à lui sachant la solidité de son silence, le silence d’un pharaon dans sa pyramide, ils lui faisaient parfois des confidences anodines, parfois plus sérieuses. Dans le genre anodin : qu’ils avaient le béguin pour tel garçon ou telle fille, que leurs parents buvaient trop et se disputaient sans arrêt, qu’ils avaient découvert les joies de la masturbation. Dans le genre moins anodin : comment ils avaient empoisonné le chat du voisin, comment ils avaient volé des bandes dessinées à la librairie Reader’s Paradise, ou ce qu’ils faisaient avec leur béguin, garçon ou fille susmentionnés. Son silence était un vide qui aspirait les secrets de leur bouche pour les engloutir dans ses oreilles. Il ne faisait aucun usage de ce savoir secret. Il lui suffisait de savoir, d’être celui qui savait.

Il gardait aussi très bien ses propres secrets. Ses parents le considéraient avec un étonnement mêlé d’inquiétude. « Qui es-tu ? lui demanda un jour sa mère d’un ton contrarié. Es-tu seulement mon fils ? J’ai parfois l’impression que tu es un alien venu d’une autre planète, envoyé en mission pour nous observer et recueillir des renseignements et qu’un jour un vaisseau spatial viendra t’enlever et que tes parents, ces petits hommes verts, sauront tout de nos secrets. » C’était bien elle : capable de cruauté mentale et incapable, lorsqu’une idée amusante lui venait à l’esprit, de se censurer quelle que fût la profondeur de la blessure qu’elle pourrait infliger. Son père s’exprimait avec plus de douceur mais le constat était le même : « Regarde ta petite sœur, disait‑il à son fils. Prends exemple sur elle. Elle parle sans arrêt. On lit en elle comme dans un livre. »

En dépit des exhortations de ses parents, il persévéra dans son être, s’abstenant de parler de lui tout en recueillant à la première occasion les confidences murmurées par autrui. Quant aux livres, ceux qu’il ouvrait dans sa jeunesse, c’étaient généralement des romans policiers. Quand il était petit, il préférait de loin Le Clan des sept au Club des cinq et Le Jardin secret à Alice au pays des merveilles. En grandissant ce furent Ellery, Erle Stanley et Agatha, ce furent Sam Spade et Marlowe, bas-fonds et bouche cousue ! Ses mondes secrets se multiplièrent au fil des années. L’Agent secret, Le Nommé Jeudi, des histoires d’espionnage et de sociétés secrètes, c’étaient là ses références. Adolescent, il s’intéressa aux ouvrages consacrés à la magie noire et au tarot, les arcanes du savoir majeur ou mineur l’attiraient irrésistiblement et il apprit à hypnotiser ses amis même si la cible de ce nouveau talent, une séduisante jeune fille dont il était épris, repoussa ses avances, même sous influence. En grandissant il voulut découvrir l’ingrédient secret du Coca-Cola, retenait l’identité secrète de tous les super-héros et c’était quoi le secret de Victoria finalement ? Que les femmes de l’époque portaient des sous-vêtements mal fichus ? SIS, ISI, OSS, CIA, tels étaient ses sigles favoris.

C’est ainsi qu’il devint auteur sous pseudonyme de romans d’espionnage. Il ne jouissait pas d’une grande notoriété et cette situation avait peu de chances de s’améliorer grâce à son livre sur Quichotte en admettant qu’il parvienne à l’écrire et à le faire publier. Sam DuChamp, auteur de la série des Five Eyes ni plébiscité, ni célèbre, ni riche : quand un client demandait l’un de ses titres en librairie, il prononçait généralement son pseudonyme de travers, l’appelant Sam the Sham[2], comme le type qui chantait Wooly Bully et qui se rendait à ses concerts au volant d’un corbillard Packard. C’était un peu insultant.

Oui, le nom qui figurait sur ses livres masquait son origine ethnique, tout comme Freddie Mercury cachait Farrokh Bulsara, le chanteur indien parsi. Non que le leader des Queen eût eu honte de sa race, mais il ne voulait pas être victime de préjugés, être enfermé dans le ghetto d’une niche de musique ethnique cernée de barrières érigées par le comportement des Blancs. Brother pensait la même chose. Et puis, après tout, on était à l’ère du nom d’emprunt. Les réseaux sociaux s’en étaient chargés. Tout le monde était quelqu’un d’autre de nos jours.

L’usage des pseudonymes n’avait jamais été inhabituel dans le domaine du livre. Les femmes avaient souvent éprouvé la nécessité d’y recourir. Brother pensait (sans oser comparer son pauvre talent à leur génie) que Currer, Ellis et Acton Bell, George Eliot et même J. K. Rowling (qui avait choisi la neutralité de « J. K. » plutôt que Jo) l’auraient compris.

Les gens de couleur originaires de l’Asie du Sud avaient une histoire compliquée aux États-Unis. Au début du XXe siècle, le supposé ancêtre commun (bien réel) de Quichotte et du Dr R. K. Smile, soit, en principe, le premier de leur clan à avoir vécu et travaillé aux États-Unis, s’était vu refuser la nationalité américaine en vertu du premier Immigration Act qui avait décrété, en 1790, que seule « une personne blanche libre » y était éligible. Et lorsque l’Immigration Act de 1917 fut promulgué, les individus originaires d’Asie du Sud désignés sous le terme d’hindous furent officiellement totalement exclus de la possibilité d’émigrer aux États-Unis. Dans l’affaire Les États-Unis contre Bhagat Singh Thind (1923), la Cour suprême affirma que la différence raciale entre les Indiens et les Blancs était telle que « le grand corps de notre peuple » rejetterait toute assimilation avec les Indiens. Trente-trois ans plus tard, le Luce-Celler Act n’autorisa qu’une centaine d’Indiens par an à venir en Amérique et à obtenir la citoyenneté (merci bien). Puis, en 1965, un nouvel Immigration and Nationality Act ouvrit les frontières. Après quoi, retournement inattendu, il s’avéra que les Indiens n’allaient pas, après tout, devenir une cible majeure du racisme américain. Cet honneur continua à être réservé à la communauté afro-américaine et les immigrants indiens, dont beaucoup étaient habitués au racisme des Blancs britanniques en Afrique du Sud et en Afrique de l’Est tout comme en Inde et en Grande-Bretagne, se sentaient presque embarrassés de se retrouver exonérés de la violence et des attaques raciales, et embarqués dans un devenir de citoyens modèles.

Pas entièrement exonérés, cependant. En 1987, le gang Dotbuster terrorisa des familles américano-indiennes dans la ville de Jersey. Une lettre de menace du gang publiée dans le Jersey Journal promettait des violences. « Nous ne reculerons devant rien pour chasser les Indiens de la ville de Jersey. Si je marche dans la rue et que je croise un hindou et que le cadre s’y prête, je lui tape dessus que ce soit un homme ou une femme. Nous allons organiser des attaques de la plus extrême violence, briser des carreaux, casser des vitres de voiture et pourrir des réunions familiales. » Les menaces furent mises à exécution. Un Indien fut agressé et mourut au bout de quatre jours. Un autre se retrouva dans le coma. Il y eut d’autres attaques nocturnes et aussi des cambriolages.

Puis ce fut le 11 septembre 2001 et de jeunes Indiens se mirent à porter des tee-shirts sur lesquels on pouvait lire, Je n’y suis pour rien, je suis hindou, des sikhs furent agressés parce que leur turban les faisait passer pour des musulmans, des chauffeurs de taxi placèrent sur leur pare-brise ou sur la vitre de séparation d’avec les passagers des autocollants en forme de drapeau ou portant l’inscription Dieu bénisse l’Amérique et Brother estima soudain qu’il valait peut-être mieux continuer à porter le masque d’un pseudonyme. Trop de regards hostiles se tournaient désormais vers les gens comme lui. Mieux valait être Sam the Sham. Le gars aux espions.

 

Les five eyes ou fvey étaient les services secrets d’Australie, du Canada, de Nouvelle-Zélande, du Royaume-Uni et des États-Unis qui, après la Seconde Guerre mondiale, entreprirent de mettre en commun les résultats d’un immense système de surveillance baptisé Echelon et de systèmes ultérieurs et qui, à présent, partageaient également les informations recueillies en surveillant internet. Dans les romans qu’écrivait Sam DuChamp, la méfiance mutuelle qui sévissait entre les cinq services secrets constituait un thème central. Personne ne faisait confiance aux Américains parce qu’ils étaient incapables de garder un secret, ce qui mettait en danger les principaux atouts des Five Eyes, à savoir les agents infiltrés sur le terrain. Personne ne faisait confiance aux Britanniques même s’ils étaient les meilleurs pour gérer les taupes en Russie, en Iran, dans le monde arabe, à cause de l’infiltration fréquente au sein même du SIS (Secret Intelligence Service) de taupes venues d’ailleurs. Personne ne faisait confiance aux Canadiens à cause de leur satanée manie de se croire supérieurs aux autres, personne ne faisait confiance aux Australiens parce qu’ils étaient australiens et personne ne faisait confiance aux Néo-Zélandais parce qu’ils n’avaient jamais réussi à mettre en place le moindre système de surveillance efficace. (Les principaux systèmes de surveillance qui succédèrent à Echelon, Prism, XKeyscore, Tempora, Muscular et Stateroom furent gérés essentiellement par le quartier général des Communications du gouvernement britannique, le GCHQ, et par l’Agence nationale de sécurité américaine avec l’aide des Australiens et des Canadiens.) Ce réseau d’alliés hostiles était à présent soumis à de nouveaux défis par les séparatistes britanniques partisans de la « petite Angleterre » et les provocations des populistes américains qui, les uns comme les autres, soutenaient l’ennemi en général et la Russie en particulier. Brother s’était toujours enorgueilli de l’authenticité du monde secret qu’il avait créé mais à présent il commençait à en avoir peur. Peut-être s’était‑il trop approché de certaines vérités dérangeantes. Peut-être ceux qui lisaient le plus attentivement ses romans sur les Five Eyes étaient‑ils les Five Eyes eux-mêmes ? Peut-être estimaient‑ils qu’il était temps de fermer le « sixième œil » qui les observait un peu trop efficacement.

Attirer une attention aussi indésirable de la part des Spectres au moment même où il détournait son regard du monde des Barbouzes était un paradoxe dont il se serait volontiers passé. Il était vieux, la vérité était devenue plus étrange encore que ses fictions et il n’avait plus assez d’énergie pour essayer de devancer la réalité. D’où Quichotte, picaresque et fou et dangereux, le mouvement d’un cavalier pour se sortir d’une position dangereuse sur l’échiquier. D’où, également, sa nouvelle tendance à l’introspection, le violent désir qui lui revenait de revoir sa patrie perdue en Orient. Il avait longtemps prétendu, même en son for intérieur, qu’il avait accepté son sort. Il était désormais un Occidental, il était Sam DuChamp et c’était très bien ainsi. C’est ce qu’il répondait quand on l’interrogeait : qu’il n’était pas déraciné, pas arraché mais transplanté. Ou mieux encore qu’il avait des racines multiples, comme un vieux banian qui au cours de sa croissance envoie vers le sol des racines de soutien qui s’épaississent et finissent par devenir indiscernables du tronc original. Trop de racines ! Cela signifiait que ses histoires avaient un feuillage plus vaste sous lequel on pouvait se protéger des brûlures d’un soleil hostile. Cela signifiait qu’on pouvait les transplanter dans différents lieux, dans différents types de sol. C’est un don, disait‑il, mais il savait bien qu’un tel optimisme était un mensonge. Aujourd’hui, après avoir dépassé, depuis longtemps, les jours de nos années du psaume de David, s’efforçant, par robustesse, d’aller au-delà des soixante-dix ans en direction des quatre-vingts, son cœur était souvent pareil au triste cœur de Ruth dans le poème de Keats, lorsque, regrettant sa patrie, elle se tenait en larmes parmi les blés de l’étranger[3].

Il arrivait au bout du chemin et se retrouvait dans le voisinage immédiat de la Faucheuse encapuchonnée. La même ville, le même quartier et peut-être le même code postal. Il n’avait pourtant pas encore un pied dans la tombe. Mais il était préoccupant de penser que la route encore à faire était bien plus courte que celle qu’il avait déjà parcourue. Avant que Quichotte n’arrive au volant de sa Chevy Cruze accompagné de son fils imaginaire, Brother en était arrivé à penser qu’il ne pourrait plus écrire, même si la vie, pour le moment, continuait. Tel était ce à quoi, quel qu’en fût le peu de valeur, il avait consacré sa vie, le meilleur de lui-même, son optimisme, mais même le filon d’or le plus riche finit par s’épuiser. Quand vous êtes votre propre carrière, quand le minerai que vous extrayez est enfoui dans les cavernes du soi, vient un moment où il ne reste plus que du vide.

Et alors tu n’as qu’à arrêter ! dit le mauvais ange perché sur son épaule gauche. Tout le monde s’en fiche à part toi.

Le mauvais ange sur son épaule gauche était l’ombre. Mais sur son épaule droite se tenait le chérubin de lumière, qui l’encourageait, le poussait, récusait l’auto-apitoiement. Le soleil continue à se lever tous les jours. Il avait encore de la détermination, de l’énergie et l’habitude de travailler. Il reprit courage en pensant au grand Mohamed Ali regagnant sa couronne après de longues années de traversée du désert et battant George Foreman au Zaïre. Lui aussi pouvait espérer cette clameur dans quelque jungle accueillante. Sam DuChamp, bomayé. Tue-le, Sam l’Arnaque.

Rendons-nous donc sur le lieu de naissance de Quichotte qui était aussi le sien afin d’examiner certains sujets intimes, à la fois extrêmement proches et incroyablement distants. Le terme technique pour désigner de tels sujets, c’est la famille. Un point de départ qui convient plutôt bien à une histoire d’amour obsessionnel.

 

Il était une fois, des années et des années auparavant, lorsque la mer était propre et que la nuit était sûre, une rue du nom de Warden Road (elle ne s’appelle plus ainsi) dans un quartier du nom de Breach Candy (qui porte toujours le même nom, plus ou moins) dans une ville du nom de Bombay (qui a changé de nom aujourd’hui). Tout a commencé là et, même si son histoire, tout comme celle de Quichotte, était une histoire de voyageur traversant de très nombreux pays pour atteindre finalement cette terre étrange et fantastique, l’Amérique, toutes leurs routes, si on projetait le film à l’envers, les ramenaient à Bombay. L’origine de l’univers tout entier de Brother était un modeste groupe de, disons, une douzaine de maisons sur une petite colline desservie par une ruelle en impasse qui ne portait pas de nom (et qui à présent en portait un : Shakari Bhandari Lane, d’après ce qu’indiquaient les cartes même si personne ne savait où elle se trouvait), écrasées par la mégapole qui les encercle désormais. Il ferma les yeux et revint en arrière à travers continents et années, agitant sa canne à la manière de Raj Kapoor lorsqu’il imite le vagabond de Chaplin, mais à reculons. Il remonta la ruelle anonyme qui désormais portait un nom, dépassa l’immeuble (bien réel) où vivait autrefois la famille (imaginaire) des Smile, dénommée Dil Pazir, ce qui veut dire « que le cœur peut accepter », et parvint devant un immeuble identique (lui aussi bien réel) baptisé Noor Ville, la cité de la lumière, et, dans l’immeuble, gagna, à un étage élevé, un appartement pourvu d’un long balcon, empli de coussins moelleux, de cactus épineux et des vocalises aisément reconnaissables de Lata et Asha, les fameuses sœurs à la voix d’or chantant les derniers succès du cinéma dans le Binaca Geet Mala, le hit-parade du week-end sponsorisé par une marque de dentifrice et que, tous les dimanches, diffusait le radio-phonographe Telefunken Art déco en marqueterie de noyer. Et, au milieu du grand tapis persan du salon, verre de martini à la main, maman et papa, reculant au ralenti, dansaient.

(Ce Breach Candy était un minuscule monde perdu, disparu depuis longtemps, préservé dans l’ambre de la mémoire tel un insecte préhistorique. Ou bien : un univers miniature, le passé retenu captif sous un globe de verre, telle une boule à neige tropicale mais sans la neige, avec ses tout petits habitants du passé menant leur vie microscopique. Si le verre était venu à se briser, les laissant s’échapper dans le vaste monde hors de leurs frontières, comme ils auraient été terrifiés par les géants tout autour d’eux, à l’instar de sa propre terreur quand il avait rencontré les titans du monde adulte. Et cependant, pour minuscules qu’ils fussent, l’avenir tout entier découlait d’eux. La petite boule à neige tropicale sans neige était le lieu de naissance de tout ce que Brother avait été et avait fait.)

Le disque préféré de ses parents était Songs for Swinging Lovers de Sinatra. Ma, toujours davantage au fait des dernières modes que son mari, aimait certains chanteurs à banane comme Ricky Nelson et Bobby Darin. Mais pas seulement les Blancs. Elle aimait aussi Clyde McPhatter et les Drifters dans Money Honey. Pas Elvis ! Elle n’avait que mépris pour le camionneur de Tupelo. Son pelvis ou la moue de sa lèvre supérieure, la belle affaire ! Et ses chaussures en daim bleu, anciennement celles portées par Carl Perkins, d’ailleurs, qui avait envie de les enfiler ?

Il laissait désormais le film aller de l’avant derrière ses paupières closes. Son père tenait une célèbre bijouterie dont il était propriétaire, Zayvar Brother, Warden Road, au pied de la colline où ils habitaient. Le grand-père de Brother, le père de son père, l’avait ouverte bien longtemps auparavant et Pa s’était révélé capable de dessiner et de fabriquer de plus beaux bijoux que son père. Zévar signifie ornementation en ourdou et Zayvar était la manière dont le patriarche anglophile anglicisait le mot. Il avait été fils unique, ce vieil homme, mais il trouvait que Brothers sonnait bien pour les affaires et que s’il ne pouvait pas utiliser le pluriel, le singulier conviendrait aussi bien. D’où Zayvar Brother, un frère sans frère. Les gens avaient commencé à appeler le vieux gentleman moustachu Brother Sahib, M. Brother, et le nom lui était resté. Après que le grand-père eut tiré sa révérence, Pa devint M. Brother junior et ainsi, à son tour, lui aussi devint M. Brother, M. Brother troisième du nom.

À quelques portes des bijoutiers se trouvait la petite entreprise privée de Ma, à l’enseigne singulière, Gâteaux & Antiquités, une boutique promettant les meilleures pâtisseries de la ville et une arrière-boutique où l’on pouvait trouver des trésors en provenance de toute l’Asie du Sud, des bronzes de la dynastie Chola en parfait état, des tableaux pleins de vie de la Company School, d’énigmatiques sceaux de Mohenjo Daro, des châles brodés du XIXe siècle en provenance du Cachemire. Quand on lui demandait, et cela arrivait souvent, pourquoi elle vendait cet improbable mélange de produits, elle répondait simplement : « Parce que ce sont là les choses que j’aime. »

La qualité et l’originalité de ces deux établissements combinées au charisme irrésistible de Pa et de Ma firent de Zayvar Brother et de Gâteaux & Antiquités des endroits très courus. Amitabh Bachchan acheta chez Zayvar un collier d’émeraudes pour sa femme Jaya, Mario Miranda et R. K. Laxman offrirent à Ma des dessins originaux pour la remercier de ses gâteaux au chocolat et Busybee, alias Behram Contractor, le chroniqueur de la vie quotidienne du Tout*[4]-Bombay, flânait dans l’une et l’autre boutiques en observant les allées et venues de la crème de la ville, à l’affût des derniers potins.

Le domicile de Ma et de Pa était lui aussi empli d’artistes et de gens célèbres. Des créateurs de toutes sortes passaient par leur salon chargé d’histoire. Les grandes chanteuses de play-back, Lata Mangeshkar et Asha Bhosle, y étaient venues en personne (mais pas en même temps) ! Des joueurs de cricket également, ainsi de Vinoo Mankad et Pankaj Roy, les héros qui, en janvier 1956, partagèrent un record du monde en marquant de concert 413 points contre la Nouvelle-Zélande à Madras ! Le poète Nissim Ezekiel vint lui aussi, le barde de Bombay, la ville insulaire qu’il jugeait « peu propice à la chanson et au sens ». On y vit même la grande peintre Aurora Zogoiby, traînant à ses basques Vasco Miranda, ce bouffon parasite dénué de tout talent, mais c’est une autre histoire. Et puisqu’on était à Bombay, inévitablement, le monde du cinéma. Du talent, partout du talent, lubrifié au whisky soda et à la luxure. On trouvait là des controverses politiques, des disputes esthétiques, des frasques sexuelles et des martinis. Et, dominant le tout à la manière des gratte-ciels dont la plupart appartenaient encore aux temps futurs et allaient très bientôt faire leur apparition pour transformer la ville à jamais, il y avait la grande Ma et Pa, encore plus grand qu’elle, qui virevoltaient lentement, enlacés, en sirotant leur verre, elle si gracieuse, lui si séduisant et tous les deux follement épris l’un de l’autre.

C’est ainsi, en raison de cette surexposition si intense et si prolongée aux génies créateurs en tout genre pendant son enfance, que Brother, tel son Quichotte prêt à sombrer dans la folie, fut, lui aussi, victime d’une forme rare de dérangement mental – la première, la seconde étant la paranoïa – sous l’effet de laquelle la frontière entre l’art et la vie devenait floue et perméable de sorte que, par moments, il était incapable de distinguer où l’un s’achevait et où commençait l’autre, et, plus grave encore, se trouva obsédé par la conviction absurde que les inventions des créateurs pouvaient déborder les limites des œuvres elles-mêmes, qu’elles avaient le pouvoir de s’introduire dans le monde réel pour le transformer et même l’améliorer. La plupart de ses semblables, les hommes du passé comme ceux du présent, accueillaient cette suggestion avec mépris et continuaient à suivre leur propre route dans les sphères pragmatiques, idéologiques, religieuses, égoïstes et vénales dans lesquelles la plupart du temps la vie réelle du monde était vécue. Mais Brother, grâce au cercle de ses parents, était incurable. Même si, devenu adulte, il devait gagner sa vie dans le domaine dénué de prétentions intellectuelles de la littérature de genre, son respect pour ceux qui affichaient des visées plus ambitieuses devait demeurer inentamé. Bien des années plus tard, l’écriture du Quichotte allait constituer sa tentative tardive, à la fin de sa vie, pour franchir la frontière entre le divertissement populaire et la véritable littérature.

Il arrêta le film. Ce n’était pas la vérité. C’était un conte de fées. Cette prime enfance bohème baignée de culture et d’amour. En ce temps-là des parents tels que les siens demeuraient des mystères pour leurs enfants. Ils ne passaient guère de temps en compagnie de leur progéniture, ils employaient des domestiques à cette fin, ne confiaient pratiquement rien de leur propre vie à ces petites créatures et ne répondaient jamais aux pourquoi et aux comment mais seulement à de rares interrogations commençant par quoi, quand et . Les pourquoi et les comment, c’étaient là les grandes questions et, sur ce point, leurs lèvres restaient closes. Ils s’étaient mariés jeunes et avaient eu deux enfants : Brother et Sister que Pa surnomma Titi parce qu’elle était le canari de la famille, la seule capable de chanter. Après, et c’est là que le conte de fées se brise, alors que Brother avait dix ans et Sister cinq, le couple se sépara. Ce fut Ma qui quitta le foyer et il y eut ensuite un deuxième appartement dans la vie des enfants, dans l’immeuble Soona Mahal (le nom est vrai), au coin de Marine Drive et de Churchgate (aujourd’hui officiellement Netaji Subhash Chandra Bose Road et Veer Nariman Road ou VN Road). La rumeur prétendait que Ma et Pa avaient, chacun de son côté, commis de nombreuses infidélités – ah la vie de bohème de ces doux cinglés ! – mais les enfants ne virent jamais une Autre Femme dans la chambre de Pa, non plus qu’ils ne croisèrent jamais d’Autre Homme dans le nouvel appartement de Ma, lequel devint le lieu de résidence principal de Brother et de Sister pendant les années de Séparation. Si les parents avaient commis ou continuaient à commettre les fredaines que leur prêtait la rumeur, ils le faisaient de la manière la plus discrète qui fût. Pa continua à travailler chez Zayvar Brother, et Ma, à quelques pas de là, à Gâteaux & Antiquités et la vie continua comme si tout était normal en dépit du craquement qu’émettent les choses que l’on tait et que pouvaient percevoir tous ceux qui fréquentaient l’un ou l’autre lieu, en dépit du bourdonnement des petits ventilateurs électriques accrochés au mur. Et puis, presque dix ans plus tard – sans prévenir ! –, ils se remirent en ménage et l’appartement du Soona Mahal disparut comme par enchantement, même si les deux enfants en étaient venus à le considérer comme leur véritable foyer, et tous retournèrent alors à Noor Ville où les parents reprirent leurs séances de danse et de martinis comme si c’étaient les longues années de Séparation qui avaient tenu du conte et non l’idylle réinventée.

Quelques rectifications supplémentaires : à l’époque où ses parents se remirent à vivre ensemble, Brother avait vingt ans et était à l’université à Cambridge, il n’était donc pas sur place pour les voir recommencer à danser. Et ni Soona Mahal ni Noor Ville ne ressemblaient plus à un foyer pour un jeune homme intoxiqué par les Sixties telles qu’elles se vivaient en Occident. Pendant ce temps, Sister, qui n’avait que quinze ans, était restée à Bombay. Au début, le frère et la sœur essayèrent de préserver une forme de relation en jouant aux échecs à distance comme de braves enfants indiens, s’envoyant des cartes postales où les mouvements étaient indiqués selon la vieille notation, P-K4, P-K4, P-Q4, P×P. Une faille finit pourtant par se creuser entre eux. Il était l’aîné mais elle jouait mieux que lui, si bien que lui, mauvais perdant, n’eut plus envie de jouer. Pendant ce temps, Sister, coincée à la maison à regarder le soir ses parents danser, se mit à éprouver du ressentiment en comprenant qu’en dépit de ses brillants résultats scolaires, Ma et Pa n’étaient pas disposés à lui offrir à elle une coûteuse éducation à l’étranger. S’estimant (à juste titre) l’enfant la moins aimée des deux, elle considéra Brother (à juste titre) comme le fils injustement favorisé et la colère qu’elle en conçut à l’égard de ses parents se répandit telle une étoile en explosion jusqu’à englober également son frère. La mésentente s’était aggravée et avait à présent perduré toute une existence. Ils s’étaient disputés, avaient cessé de se parler, avaient vécu dans des villes différentes, lui à New York, elle à Londres (après qu’elle eut réussi non sans efforts à s’échapper de la cage familiale), et ne s’étaient plus jamais revus. Des décennies avaient passé. Ils étaient prisonniers du drame auquel leurs parents avaient échappé. Pa et Ma avaient joué la scène de la Grande Réconciliation avant la fin de leur vie. C’était leur scénario qui finit bien. Sister et Brother, en silence, et très éloignés l’un de l’autre, interprétaient, eux, la Mort de l’Amour.

Seize ans auparavant, leur mère était morte tranquillement dans son sommeil au terme d’une dernière journée durant laquelle elle avait conduit sa voiture, rendu visite à des amis et dîné en ville. Elle était rentrée de sa journée parfaite, s’était couchée et avait été emportée. Sister avait immédiatement pris un vol pour rentrer à la maison mais le temps que son avion atterrisse, Pa aussi était mort, incapable de survivre à Ma. Il y avait un flacon de somnifères vide sur sa table de chevet près du lit où il avait été tué par cette intolérable absence. Sister avait appelé Brother à New York pour l’informer de la double tragédie. Il n’y eut, par la suite, qu’une seule autre conversation téléphonique, une conversation qui détruisit tout ce qui aurait pu rester d’affection entre le frère et la sœur.

Puis, le néant. Un nuage vide qui emplissait l’espace qu’aurait dû occuper la famille. Brother n’avait jamais rencontré la fille de Sister, Daughter, la fashionista ; Sister n’avait jamais rencontré le fils qu’il avait perdu de vue, Son. Son était son enfant perdu. Son seul enfant, qui avait également rompu avec lui, qui avait rompu avec ses deux parents et avait disparu. (Et à présent il y avait Quichotte, son invention, qui s’inventait un fils à lui et l’amenait à la vie. Il n’y avait pas à chercher loin pour savoir où cette idée avait trouvé sa source.) Par moments, Brother se considérait comme un enfant unique lui aussi. Sans doute Sister éprouvait‑elle souvent la même sensation. Mais seuls les enfants n’ont pas, dans les tréfonds de leur âme, une profonde blessure à l’endroit où il y eut autrefois le baiser d’une petite sœur, l’étreinte rassurante d’un grand frère. Seuls les enfants ne sont pas contraints d’écouter dans leur grand âge leur propre voix intérieure leur lancer des questions accusatrices comme : Comment peux-tu traiter ta sœur de cette façon, ton unique sœur, ne voudrais-tu pas arranger les choses, ne vois-tu pas que tu devrais le faire? Oui, il avait pensé à elle, à tous ceux qu’il avait perdus mais surtout à elle, soupesant le bénéfice qu’il y aurait à se décharger du fardeau de leur querelle et à faire la paix avant qu’il ne fût trop tard, au risque de déclencher l’une de ses colères atomiques sans être bien sûr lui-même d’être doté du courage nécessaire pour tenter une telle approche. S’il voulait être honnête avec lui-même, il savait que c’était à lui de faire le premier pas parce qu’elle avait des griefs plus importants que les siens. Dans une querelle qui avait duré des décennies, aucun des deux partis ne pouvait se prétendre innocent. Mais la simple vérité, pour dire les choses clairement, c’est qu’il lui avait fait du mal.

 

Salman Rushdie, Quichotte, traduction de l’anglais par Gérard Meudal, © Actes Sud, 2020. 
En librairie le 2 septembre.

 


[1]. En partie parce que sa relation avec Sister, la sœur qu’il avait perdue de vue, jouera un rôle central dans son histoire mais aussi pour une autre raison qui sera donnée pages 44-45.

[2]. Sam l’Arnaque. (N.d.T.)

[3]. John Keats, Poèmes et Poésies, « Ode à un rossignol », Paul Gallimard, Mercure de France, 1910. (N.d.T.)

[4]. Les mots en italique suivis d’un astérisque sont en français dans le texte original. (N.d.T.)

 

Salman Rushdie

Écrivain, Essayiste

Notes

[1]. En partie parce que sa relation avec Sister, la sœur qu’il avait perdue de vue, jouera un rôle central dans son histoire mais aussi pour une autre raison qui sera donnée pages 44-45.

[2]. Sam l’Arnaque. (N.d.T.)

[3]. John Keats, Poèmes et Poésies, « Ode à un rossignol », Paul Gallimard, Mercure de France, 1910. (N.d.T.)

[4]. Les mots en italique suivis d’un astérisque sont en français dans le texte original. (N.d.T.)