Roman (extrait)

Permafrost

Poétesse et romancière

L’œuvre d’Eva Baltasar n’avait pas encore été traduite en France et Permafrost est son premier roman, après une dizaine de livres de poésie. « À la poésie, qui a permis cela », écrit-elle d’ailleurs en guise de dédicace. La narratrice fouille le « noyau compact » de sa vie à coups de courts chapitres, variant les tons, non sans humour mais sans pitié. Une vie gelée dans un désir de mort et néanmoins intense, à en croire notamment l’érotisme de ses amantes. À découvrir aux Éditions Verdier dans la traduction d’Annie Bats.

1

 

On est bien, ici. Finalement. C’est comme ça, les hauteurs : cent mètres de verre à la verticale. L’air, ici, c’est de l’air à un état supérieur de pureté et c’est pour ça, aussi, qu’il paraît plus dur, presque compact par moments. Il plane comme une odeur de quincaillerie. La couche de bruit pèse comme de la suie et demeure en attente, là, en bas, comme un œil de pétrole très fin, croquant, une sorte de cadeau noir et brillant. Pas un oiseau ne passe. C’est qu’ils ont eux aussi leur propre strate, entre nous et, disons, nos dieux. Un vide habitable entre les lignes les plus hautes de la portée. À cet instant, je suis et je ne suis pas. Je ne fais peut-être que me montrer, me manifester, comme une macule discrètement gênante sur une lunette, une ombre intempestive dans cette zone chill-out. Je prends l’air, je l’oblige à devenir ma propriété le long de mes conduits animés. Vivante, je dégage encore une certaine chaleur et je dois être très ramollie, au-dedans. Au-dehors, je le suis plus qu’il n’y paraît, presque un produit de pâtisserie, un objet en cire tiède verni, attrayant comme une première ligne. Chaque cellule se reproduit, indépendamment de moi, et en même temps me reproduit, me change en une entité en bonne et due forme. Si elles cessaient de travailler, toutes ces parties microscopiques de moi-même, ne serait-ce que quelques secondes… Les entités indivisibles ont aussi droit à une pause, comme moi, comme tous les génies du pays. Travailler avec eux m’oblige à m’assimiler à eux, à être, comme eux, dans cette belle enceinte de verre, un petit poisson rouge impersonnel. Aimablement décoratif. Dans certains restaurants, il y a des poissons comme ça à chaque table, dans des bocaux minuscules. Ils sont décoratifs, oui. Relaxants. Ils sont bien vivants, et pourtant il y a des gens qui prennent leur habitacle pour un cendrier. Les pauvres petites bêtes meurent intoxiquées par la chimie biocide des mégots. Mais elles ne sont que ça, hein ? Des objets décoratifs. De vaines vies.

Quel air pur ! Il n’y a pas beaucoup d’humidité, c’est bien. L’humidité a la manie de pénétrer dans les parties les plus vulnérables du corps. Je ne peux pas la souffrir. Je ne peux pas, je ne sais pas vivre avec l’humidité, elle s’infiltre dans des endroits insoupçonnés à l’intérieur de moi, comme de la lave visqueuse et glacée, elle occupe des espaces inconnus, me les rend présents, et ils m’incommodent. Il y a des parties du corps, comme des meubles encombrants, dont on ne sait que faire. Elles n’ont pas l’air démontables et les enlever serait trop dangereux. Elles doivent bien remplir une fonction, on a dû les incruster en moi, mais elles m’insupportent, et la seule façon d’échapper à leur influence, c’est de les ignorer. Se frayer un passage les yeux fermés et ne pas buter contre leur exubérance massive. Avancer les yeux fermés, comme c’est drôle ! Je n’avais pas pensé aux yeux. Les oiseaux volent les yeux ouverts et, pour qu’ils se laissent aller, il leur faut des courants d’air consistants. Être soutenus, et en même temps articulés, comme des marionnettes. Eux, ils peuvent se permettre de regarder. Mais quand quelque chose tombe… quand un petit oiseau tombe du nid, par exemple, il tombe les yeux ouverts ? Ils ont des paupières, les oiseaux ? Ou des glandes lacrymales de mamie fragile qui coulent sans arrêt ? À bien y regarder, elles ne sont pas comme des paupières humaines. Peut-être qu’elles ressemblent davantage aux panneaux japonais ou aux petits volets des avions et que les oiseaux peuvent les bouger aussi vite ou plus vite que nous, en un éclair. Je me demande, à présent, si j’ouvrirai les yeux. Ou bien s’ils s’ouvriront. Dans mon cas, il ne s’agit pas d’une chute quelconque. Elle ne sera pas accidentelle, je veux dire, il y aura une intention, ma volonté intentionnelle, un ordre écrit. Le moment venu, il n’y aura qu’à l’exécuter. Les yeux anticipent, explorent le monde, le corps réagit ensuite. Quel sens ça a de préparer son corps à la mort, quelques secondes avant qu’elle ne survienne ? La mort prend le corps, comme l’amour. Qu’elle le prenne donc à l’improviste.

 

 

2

 

« Tu comprendras quand tu seras grande », répétait maman sans relâche. Je ne dois pas avoir assez grandi. Et pourtant je m’efforçais de boire les verres de lait, des verres hauts et larges qui semblaient des bouches animales, aussi grosses que ma figure, et qui me dessinaient sur le front un diadème rouge, là où le rebord appuyait. Ils pouvaient contenir tant de lait, ces verres, que maman devait toujours ouvrir une autre bouteille pour les remplir jusqu’en haut, à ras bord. « Bois, bois comme un petit chaton, disait-elle. Fais comme les petits chatons, sors ta petite langue et lape le bon lolo. » Tant et tant de litres de lait, et moi toute blanche au-dedans, pleine de voiles de lait au-dedans, accrochés à moi comme des draps poisseux et mouillés, collés à mes parois, au revers de ma peau. Ils m’annulaient, les bidons de lait de maman, ils rabaissaient la personne, ils rabaissaient, encore plus, la petite fille. J’étais moitié petite fille moitié bidon de lait, une sorte de réservoir saturé. Après avoir bu, je n’osais plus bouger, je pouvais sentir le lait danser dans mon estomac. Danser, non, se balancer dangereusement comme l’eau d’un seau soumis à un trajet court et précipité. Puis descendre comme l’eau dans les canalisations des vécés du voisin. Exactement pareil, mais au-dedans. Je me rendais compte que le lait emportait les restes du dîner, et tout était repeint à neuf, propre mais visqueux. Cette vision était si saisissante qu’elle m’obligeait à rester tranquille, figée, ma respiration devenant de plus en plus superficielle. Pour passer ce mauvais moment, je ne pouvais faire qu’une seule chose, lire. Je m’asseyais sur l’unique chaise de ma chambre. Mon bureau était en bois de pin, avec un plateau blanc à l’épreuve des petites filles. « C’est pour faire tes devoirs », avait insisté maman dès que le menuisier avait eu fini de le monter. « Ce n’est pas pour faire du coloriage ou du découpage, et ne t’avise pas d’utiliser le cutter. Au fait, il est où, le cutter ? Il ne devrait pas être là ? Dans le pot ? Avec les ciseaux ? Cherche le cutter et remets-le à sa place. » Avec les ciseaux. Et je ne comprends pas. Je ne comprends toujours pas, il n’y a aucune raison.

Je me suis située à une extrême limite, je vis dans cette limite, j’attends le moment de quitter la limite, ma maison provisoire. Provisoire comme toutes les maisons, d’ailleurs, ou comme un corps. Je ne prends pas mes médicaments, la chimie est une bride qui nous retient, qui ne nous laisse avancer qu’à une allure inoffensive. Elle suppose une rédemption anticipée, elle éloigne du péché, ou peut-être nous apprend-elle seulement à nommer péché l’exercice de notre liberté acquise en état de paix – antérieure à la mort, bien sûr. Maman prend des médicaments, papa prend des médicaments, pas ma sœur au début, mais elle a grandi et elle a compris. Prendre des médicaments est une solution définitivement provisoire, comme l’ampoule de quelques watts pendouillant du plafond de l’entrée. Vingt ans d’obscurité dans l’entrée, c’est fou ce qu’on s’habitue à ne pas y voir ! « On a fait installer des halogènes dans tout l’appartement et on a oublié l’entrée. » Rires. « Mais le pire, c’est qu’on ne s’en est rendu compte qu’hier. » Cela faisait vingt ans, vingt ans à se passer du rouge à lèvres trois fois par jour à un demi-centimètre du miroir, vingt ans à chercher ses clés les doigts gourds. Je croyais que c’était normal, quand tu es gosse, le périmètre de la normalité, c’est ta maison. C’est cette normalité qui te façonne. Tu grandis bien à l’abri dans ses canons, tu épouses son corps, pareil pour le cerveau, avide et modelable comme l’argile. Ensuite, tu en as pour des années, la cécité se fissure après bien des coups de marteau, quand tu es déjà prise dans ce noyau compact que tu n’auras pu perforer qu’au prix de quatre-vingt-dix pour cent de ce que tu avais de meilleur. Sors de là, maintenant, si tu peux ! Et sois heureuse par la même occasion, comme tout le monde. Les médicaments : le seul remède. Mais pas pour moi. Mieux vaut aller, sauvagement, jusqu’à l’extrême limite et décider. Au bout d’un certain temps, tu finis par découvrir que l’extrême limite est vivable, plus verticale que jamais, tout près du néant, que non seulement on peut y habiter mais aussi qu’on peut y grandir de plusieurs façons. Si c’est de survivre qu’il s’agit, la résistance est peut-être la seule manière de vivre intensément. C’est maintenant, dans cette extrême limite, que je me sens vivante, vivante comme jamais.

 

 

3

 

Des mesures de sécurité partout. Plus qu’il n’y a de gens. Plus qu’il n’y a de rats. Des mesures reprises sans rime ni raison. Des mesures de sécurité en forme de garde-fous, doubles vitrages blindés, passages interdits, ceinturons, barrières, casques, boutons. Des mesures actives et passives, c’est pareil. Genouillères, sols en mousse caoutchouc, glissières, capotes, flics antiémeutes, football. Ou médicaments, allocations-chômage. Des mesures évidentes ou subtiles. Freins électromagnétiques, prisons, pancartes, programmes d’intégration sociale, échafaudages, valves, revêtements ignifuges, harnais et mousquetons. Médicaments toujours, bonnets de protection, accompagnants, produits écrémés. Médicaments, médicaments et médicaments. Réussir son suicide tient aujourd’hui de la prouesse. Le monde est plein de malotrus diplômés en secourisme, ils sont partout, discrets et gris comme des pigeons femelles, mais aussi agressifs que des mères. Ils défient la mort des autres avec leurs massages cardiaques et leurs impeccables manœuvres de Heimlich. C’est une bande de voleurs, tu ne peux même plus te fourrer un noyau d’olive dans le mauvais tuyau, ils te le feront cracher de force, dussent-ils te briser les côtes, te perforer un poumon, et toi tu n’es plus qu’un vomi de Martini-dry, et le noyau d’olive est projeté dans un coin comme un trophée. Mourir dans un coin, ça serait bien, ça devrait être possible de louer des coins pour bien mourir, sans interférences, sans bouteilles d’oxygène autopropulsées qui te tombent dessus par surprise juste au dernier moment, un coin où les mesures de sécurité te garantiraient, t’assureraient une mort comme il faut.

En réalité, les mesures de sécurité sont des mesures de défense de l’extérieur, ce Tortionnaire Suprême. Le monde décharge quotidiennement sa toxicité dans ma moelle, il m’assimile par le biais de ses infiltrations et je ne peux pas le permettre, je ne peux pas me permettre de partager. Tant pis pour les médicaments. Et pourtant les capsules, rouge et jaune, m’attirent comme des fleurs. C’est un nectar de mauvaise vie, un breuvage substantiel. Qui suis-je pour le refuser ? Ma sœur dit qu’elle est heureuse. Heureuse ! Ce mot sentait déjà le moisi le jour de ma mise au monde. Quand elle dit « heureuse » – « Je suis très heureuse », dit-elle –, elle me montre ses dents. Elles me regardent comme des yeux, ses dents, elles sont jaunies comme le blanc des yeux des vieillards, et pourtant elle a arrêté le café et le tabac avant l’âge de vingt ans. Mais le rooibos et le yoga, c’est tout aussi addictif, acidifiant et vieillissant et addictif. Les choses saines tuent bien plus lentement, d’abord elles vous font croire à leur amour, elles vous astreignent à leur malingre intensité. On se voit condamné à la pâleur pendant des décennies, notamment celle où on est censé se reproduire. Quel coup de maître ! Imposer l’enfance d’une façon aussi irresponsable ne peut être qu’un effet secondaire des médicaments. Il faut être mou comme de la farce pour consentir à la vie et emmailloter chaque nouveau-né, de la tête aux pieds, dans la soie de sa propre peur, mère castratrice par nature, pom-pom girl inconditionnelle. La force de la peur, c’est la somme de tous les petits rêves réduits en poudre. Alors sniffons-les, il paraît que c’est la seule façon qui nous reste de les vivre. Cachons la nudité à l’intérieur d’une douche, et tout va bien il n’y a rien à voir. Bienheureuse sédation.

 

 

4

 

Voie ferrée à un endroit non contrôlé. Les trains témoignent encore d’une certaine métaphysique des coutumes – ça n’a rien à voir avec les horaires, cette réflexion. Il faut tout expliquer. Je ne l’ai compris que le jour de ce rendez-vous à un endroit non contrôlé. C’était une ligne droite des plus prévisibles, n’importe qui aurait préféré une courbe, mais la proximité d’une courbe provoque un regain d’attention, il y a une subtile réduction de la vitesse, un petit laps de temps pour pouvoir faire basculer le poids de son corps d’un pied sur l’autre, ou peut-être pour ravaler sa salive, en un acte inhabituellement non réflexe. La ligne droite est parfaite et je suis camouflée dans le décor. Aridité méditerranéenne parsemée de broussailles malades mais résistantes. On l’entend – une approche qui remue des tonnes cubes de particules en suspension. Je fais un pas en avant. Je perçois la masse lointainement sonore, ses vibrations qui pourraient être des insectes mais qui n’en sont pas, les insectes sont métalliques avec plus d’élégance. Les rails crissent comme des serpents à sonnette et je fais un autre pas en avant. Mon corps est une antenne parabolique affamée de danger. Le cœur, grand, prend possession de la pensée. Le train est maintenant du pur mercure hurlant, une entité qui grandit, un nom. Le voilà, il est parvenu à moi, à son ruban rouge, à sa ligne d’arrivée. Mais non, ce n’est pas le bon jour. C’est un train long, trop long, et il projette mon corps en arrière, violemment. Je décide de m’accrocher. Comme une broussaille, me dis-je. Les racines profondes, ça permet de tels moments de courage. Oui mais le train est vraiment très très long, il y a trop de ferraille, trop longtemps, et le corps, après tout, a peut-être droit à la parole, a peut-être son dernier mot à dire. Peut-être que je devrais préserver mon nom, jouir d’une mort conservatrice, avec un cadavre facile à identifier, des restes aimables. À vrai dire, j’ignorais que les détails de ce genre finiraient par compter. Je suis empêtrée dans une métaphysique étonnante, si j’étais croyante, je croirais qu’on cherche à me faire revenir sur certaines de mes décisions. C’était comment déjà ? « Je suis athée, grâce à Dieu ! »

 

 

5

 

Il est trois heures et quart du matin et quelqu’un compose mon numéro de téléphone. Je ne dors pas mais mon fixe est débranché, mon portable éteint. Et alors ? C’est ma façon d’être humaine. Ça recommence à sept heures et demie, à huit heures moins huit et à huit heures pile du matin. Et encore quelques tentatives, vaines, jusqu’à dix heures – tout a été mémorisé, les messages vocaux, je les efface sans les écouter. Pas de doute, tout ça c’est parce que j’ai lâché les médicaments. Mais bon, je n’ai aucune raison valable d’affoler qui que ce soit, alors à dix heures, tous téléphones connectés, je réponds. Je me mets en mode voix aimable mais ma sœur m’interrompt. « Je suis enceinte ! » Ma première pensée, c’est une montagne abandonnée de roues de secours. Ça pourrait être le stimulus dont j’avais besoin pour me barrer une bonne fois pour toutes ! Ma deuxième pensée, c’est de procéder à une analyse en cercles de l’intonation de ma sœur, pauvre innocente sans ailes contrainte de courir en traînant ses mots déchaussés. Elle, elle s’appelle Cristina, et je n’arrive pas à déterminer si elle exprime le bonheur ou l’angoisse. « Je t’entends mal. Qu’est-ce que tu dis ? » Je mens puis je pose une question, je mens puis je pose une question, c’est mon style. Elle répond aussitôt : « Que je suis enceinte ! De deux mois. » Elle est heureuse, bien sûr, et moi je suis bête. « Je suis si heureuse ! Ça faisait si longtemps qu’on essayait d’en avoir un deuxième ! » J’ai du mal, beaucoup de mal à réprimer mon envie de me frapper le crâne avec mon téléphone, mais ce ne serait pas une bonne idée, les téléphones préfèrent tuer d’une tumeur, à distance. « Toutes mes félicitations, dis-je. – Tu es contente ? » demande-t-elle. Je mens et m’empresse de lui répondre d’un oh oui, bien sûr. « Tu vas être tata pour la deuxième fois », s’exclame-t-elle. J’ai beau me concentrer, je ne décèle en moi aucune émotion susceptible de provoquer une secousse dans le substrat intime des affaires familiales. « C’est génial », dis-je. Et je parle, je parle une minute d’affilée contre toute tentative éventuelle de sonder mon petit tas sentimental compostable. « C’est vraiment génial c’est formidable être deux fois tata c’est être une tata accomplie c’est comme passer du monocle aux lunettes du tricycle au vélo ça y est j’ai l’impression de maîtriser pleinement ma vie dans sa dimension tantesque putain ça m’épate vous l’avez tellement voulu et il est là un tout petit être a décidé de se lancer dans la merveilleuse aventure de la vie et il ne pouvait pas tomber sur de meilleurs parents avec boulot stable belle maison et une chambre pour lui tout seul ou elle toute seule car à deux mois de grossesse on ne peut pas savoir si ce sera un garçon ou une fille d’ailleurs je ne sais pas pourquoi je parle au futur c’est déjà un garçon ou une fille il ou elle existe déjà dans ton ventre ah ça doit être merveilleux d’être enceinte et de sentir la vie grandir en soi je suis sûre que tu vas avoir une grossesse formidable comme la première que ça va se passer super-bien c’est génial que tu m’aies appelée pour me l’annoncer tu as ensoleillé ma matinée c’est le genre de nouvelles qui te font penser que la vie en vaut la peine et puis pour le repas de Noël en famille on ne sera plus treize on dit que ça porte malheur on sera un ou une de plus c’est formidable. » Ce suprême effort m’a complètement épuisée. Quand on est comme ça, on a vraiment besoin de médicaments.

 

Eva Baltasar, Permafrost, traduction du catalan par Annie Bats, © Éditions Verdier, 2020.
En librairie le 3 septembre.


Eva Baltasar

Poétesse et romancière