Journal V – 1851
26 août – Un vent frais et même perçant souffle aujourd’hui – qui fait pencher tous les arbustes & ondoyer tous les arbres – comme on ne pourrait pas en avoir en juillet ; je ne parle pas de sa fraîcheur, mais de sa force & de sa constance.
Le vent & la fraîcheur ont redoublé à mesure que le jour avançait, et finalement, le vent est retombé avec le soleil. J’ai été obligé d’enfiler un vêtement supplémentaire pour aller marcher. Le sol est jonché de choses que le vent a fait tomber et par conséquent de nombreux fruits vont être perdus.
Le vent gronde dans les pins comme un ressac. C’est à peine si l’on peut entendre les grillons à cause du vacarme – ou les charrettes. Je pense qu’elles doivent être considérablement retardées quand elles doivent aller contre le vent. De fait, il est difficile de nourrir une réflexion paisible. On est trop sensible au tumulte et à l’agitation des éléments. Une journée où cela souffle, cela remue, cela s’agite autant : qu’est-ce que cela signifie ? Toutes les choses légères se sauvent ; paille et feuilles volantes changent d’endroit. Un jour où il vente autant est sans nul doute indispensable à l’économie de la nature. Le pays tout entier est un bord de mer & les bourrasques sont les vagues qui viennent s’y briser. Le vent révèle la face inférieure, blanche & argentée, des feuilles. Les plantes & les arbres ont-ils besoin d’être ainsi mis à l’épreuve & tordus ? Est-ce une première injonction faite à la sève pour qu’elle cesse de monter, de grossir leurs tiges et leurs troncs ? Je trouve la Gerardia pedicularis, gérardie pédiculaire, sur la route de White Pond.
Je m’aperçois que certains fermiers coupent leur tourbe maintenant. Ils attendent la période la plus sèche de l’année. Il y a quelque chose d’agréable à mes pensées de voir brûler ainsi une partie de la terre : la réserve de combustible est si inépuisable. La nature ne semble jamais pingre & mesquine[a]. Celui qui possède une tourbière n’est-il pas un homme riche ? Cela revien