Signé Infernus Iohannes
Infernus Iohannes est la signature de notre communauté. Prisonniers et prisonnières de notre quartier de haute sécurité, à jamais enfermés, nous survivons ensemble par la parole et par le rêve. Quelques voix fortes se sont distinguées à l’extérieur des murs afin d’y porter des exemples de notre imaginaire collectif : Lutz Bassmann, Manuela Draeger, Elli Kronauer, Antoine Volodine. Elles aussi à présent se fondent dans l’anonymat de ce nom, qui, de tout temps, a été au cœur du post-exotisme, et sans doute son cœur même.
Les murs de notre prison résonnent de plaintes, de cris et de murmures. Certains ont valeur de monologues, d’autres de chants lyriques, d’autres encore de fragments poétiques ou romanesques. Notre vie intellectuelle est peuplée de ces jaillissements et d’une rumination constante sur les disparitions et le passé. Parfois aussi le silence s’empare de notre territoire carcéral. Il est lourd.
Une quarantaine d’ouvrages parus hors les murs ont permis de rendre compte de notre vision du monde et de faire partager nos errances et nos fantasmes à un public sympathisant. On doit considérer que ces fictions correspondent à une élaboration collégiale à partir d’éléments disparates nés dans des dizaines de cellules différentes. Et qu’elles ont ensuite été reprises et travaillées afin d’avoir des formes que le monde éditorial officiel pouvait tolérer. Elles étaient des cris choraux, elles sont devenues des romans.
Toutefois, de très nombreuses histoires sont restées parmi nous à l’état d’ébauches ou de projets inaboutis. À jamais inaboutis, car nos rangs s’éclaircissent, et bientôt se tairont les voix qui auraient pu s’en emparer pour en faire des livres.
On trouvera ci-dessous une petite série de ces histoires sans avenir, toutes signées Infernus Iohannes. Elles ont pris l’apparence d’un pitch, ce résumé express destiné à accrocher l’attention des journalistes ou des libraires. Nous avons toujours aimé les formes brèves, mais autant dire tout de suite que cette f