Roman (chantier)

Trash Vortex

Ecrivain

C’est à la Villa Médicis que le confinement du printemps a surpris Mathieu Larnaudie, pendant sa résidence, et c’est là qu’il a commencé Trash Vortex. Le premier chapitre de ce roman en cours d’écriture, et qu’il confie à AOC, laisse apparaître une parenté avec Les Effondrés (2010), son récit de la crise de 2008. Voici ici annoncée, déployant une langue toujours précise, une autre sorte de vertige : après la conquête des empires politico-économiques, commence celle d’un refuge contre les cataclysmes à venir.

À présent l’hélicoptère survolait la surface du lac, zébrant les flots sur son passage, rebroussant les vagues en sens contraire du courant et imprimant, dans le sombre gris d’ardoise que le ciel plombé faisait peser sur les eaux, les lignes tremblantes d’une écriture éphémère qui glissaient, se dépliaient et s’effaçaient en suivant le rythme de progression de l’appareil.

Bientôt, l’Agusta A. 109 des Forces aériennes de la marine néo-zélandaise mis à la disposition du prestigieux visiteur s’éleva de quelques mètres, au moment d’arriver au-dessus de son aire d’atterrissage, simple bout de lande inculte posé en bordure du rivage, terrain d’herbes rases en faux plat qui vient s’effranger contre une plage de galets (à peine une plage : plutôt une étroite bande intermédiaire matérialisant la séparation des éléments entre le lac et la berge, guère plus large que la taille d’un homme étendu à terre, de gros cailloux polis, eux-mêmes d’un gris à peine plus clair que celui du ciel), et, après un bref temps de suspension immobile dans le vacarme conjugué des rotors, il amorça un mouvement giratoire serré, tournant presque sur lui-même, s’inclina vers l’avant, gros insecte dont le nez au sol s’apprête à piquer quelque peccadille convoitée, puis se redressa et se stabilisa, les deux rails horizontaux de ses patins descendant maintenant lentement vers la zone où, sous l’effet du souffle centrifuge propulsé par l’hélice, les herbes se couchaient en vibrant, ondulations répandues par cercles concentriques sur quelques dizaines de mètres jusqu’aux pieds de l’agent immobilier et du conseiller-factotum qui, debout côte à côte, l’un retenant d’une main son chapeau de feutre mou, l’autre sa casquette de baseball frappée du logo d’une équipe américaine, attendaient déjà le passager.

Ils l’observèrent s’extirper de la carlingue avant même que celle-ci n’ait touché terre, se jeter au dehors d’un bond sans grâce, trahissant aussi bien l’homme à l’aise dans sa peau svelte et hydratée, l’org