Blues en noir et blanc
presque absolument pas
depuis toujours je ne te connaissais absolument pas
et après que nous nous
sommes vues cinq minutes
il y a des années
presque pas
cinq minutes cheveux bruns yeux marrons
bouche inquiète
cinq minutes et à l’époque neuf mois
maternité contrainte
depuis toujours nous ne nous connaissions absolument pas
et désormais presque pas
1985
Pour Ursula
•
relations lointaines
les mains de ma mère sont blanches
je sais
je ne la connais pas
ma mère
les mains
les mains de mon père
je sais
sont noires
je le connais à peine
mon père
les mains
à part
visions
au-dessus d’une culpabilité grise
des baisers d’ombre
dans les ténèbres
à part
souvenirs
son visage joyeux à elle contre son front à lui
l’allemand douloureux
sur les lèvres
à part
oublier
ses lèvres à elle son visage à lui
douleurs joie
mots africains
à part
avant de se séparer
la fille
mise à part
je sais
ses doigts sombres à lui
sur ma main
sais
ses traces claires à elle
sur ma peau
des baisers d’ombre en passant
relations lointaines
espaces reliés
entre les continents
chez soi sur le chemin
je sais
des souvenirs par moment
je sais
l’horizon vivant
entre les mains
1992
Pour Sewornu et Hiavor
•
pas complètement un poème d’amour
j’avais un amoureux
je l’aimais l’aime encore
il m’aimait m’aime aussi
nous nous disions disons
favori-terrorisés
pour nous consoler
je me suis séparée me sépare
revenais reviens pourtant toujours
et encore
en avant en arrière
bas et hauts
lui aussi
nous nous tyrannisions tyrannisons au plus intime
assoiffés d’amour et jaloux
d’ordinaire parfois c’est à peine soutenable
et puis finalement si
nous aimerions bien
être éloignés l’un de l’autre
– très loin –
s’en aller et partir et
marcher avoir marché ensemble
pourtant nous aimions aimons encore mieux rester
coincés à l’intérieur
l’un près de l’autre côte à côte
certainement pas
trop serrés
1991
Pour Rita
•
toi
je n’écris
pas
pour le plaisir d’écrire
je ne dis
pas
pour le plaisir de faire des vers
ce poème
veut te dir