Forecast
Première partie
Je vais vous raconter une histoire.
La décision
Le 2 avril 2018,
il y a un peu plus de deux ans,
un avocat, défenseur des droits civiques,
61 ans,
mince, lunettes à fine monture métallique,
sort se promener dans Prospect Park,
près de chez lui à New York.
Il a passé sa veste par-dessus son épaule,
elle se balance à son doigt pendant qu’il flâne à travers le parc.
Il s’arrête, regarde autour de lui,
comme s’il examinait l’herbe,
comme s’il cherchait quelque chose.
Puis il reprend sa promenade.
Il a pris une décision.
Le printemps est inhabituellement chaud cette année,
le printemps est inhabituellement chaud depuis 10 ans.
Il a pris une décision.
Drôle de temps, non ?
D’après une enquête de 2015,
dans les dernières 48 heures,
94 % des gens ont parlé de la météo.
C’est la seule chose qui nous concerne tous.
Nous parlons du temps qu’il fait quand nous n’avons plus rien à dire.
Robert Fitzroy a été le premier à parler de forecast, de « prévision »,
c’était vers le milieu du XIXe siècle.
Il parlait de « prophétiser le temps qu’il fera ».
Il a été le premier à faire des prévisions quotidiennes
et il a sauvé comme ça la vie de milliers de gens.
Fitzroy s’est intéressé à la météo à une époque
où des ouragans se levaient sur l’Atlantique sans que personne n’en ait été prévenu,
de sorte que des milliers de gens mouraient tous les ans en mer.
Des milliers de morts à cause du vent.
Crépuscule civil
La pression atmosphérique augmente peu à peu,
une zone de basse pression s’est formée au-dessus de l’Atlantique,
venant de l’est, elle se rapproche lentement d’une zone de haute pression,
sans vouloir se déporter vers le nord,
et elle amène de l’air plus frais et plus sec.
Le soleil va se coucher dans une quinzaine de minutes,
à 20 heures 16 pour être exact,
sous un angle de 291°, nord-nord-ouest.
Mais il ne fait pas encore nuit,
il nous reste encore environ 38 minutes
– une dernière fenêtre de clarté qui s’éteint.
Le soleil se trouve encore à 6° de profonde