Francisco
Première partie
Je comptais y arriver jusqu’à ce que je comprenne que je ne savais pas voler
mon jazzman ne sait pas chanter.
il y connaît rien aux anches
à la batterie, ni aux cuivres, ni aux cordes.
mais il est magnifique
sa musique est dans ses yeux
et il joue ce qu’il voit
dans un velouté funky de saxo
sur le grand écran blanc.
je me suis levée à onze heures ce matin après avoir traîné au lit à comater cossarder câliner cet ami à moi. je dis ami parce que je l’ai pas encore entendu qualifier notre lien.
j’ai entendu copine ce qui n’est pas franchement pour me plaire. d’ailleurs, sans déc’, amis est le mot le plus juste et le meilleur.
donc mon ami et moi on s’est câlinés toute la matinée, jusqu’à ce que je lui fasse bien palper mes rondeurs et mes douceurs juste pour être sûre qu’il bandait bien fort et je me suis levée pour nettoyer la cuisine et c’était un vrai foutoir parce qu’après une soirée à rouler toute seulette jusqu’à sausalito et north beach parce que j’étais soûlée qu’il m’ait offert un pantalon à lui marron satiné pour me le reprendre trois heures plus tard parce qu’en voyant qu’il me plaisait il s’est dit qu’il devait pas être si mal après tout et en l’essayant il s’est dit que finalement il lui plaisait bien aussi – bref je suis rentrée à minuit et demi et je l’ai trouvé avachi sur le canapé à regarder dick cavett bavasser dans son talk-show et j’ai dit tu veux manger quelque chose ?
on arrive toujours à mener un black par le bout du ventre.
alors j’ai dressé la liste des trucs qu’on avait à manger – comme à la banque alimentaire, vu que la liste était à peu près vide. il y avait un peu de pastèque quelques œufs un reste de poulet un peu de foie et quelques tartines. il a opté pour les tartines. je suis allée dans la cuisine du haut de mes vingt et un ans et j’ai fait des tartines grillées à la cannelle et je lui ai apporté ça avec un verre de lait. il a aimé. j’aime le voir manger les trucs que je prépare avec tellement de plaisir et quand