Obligation vaccinale, un pari orwellien

En décembre 2017, je reçois dans mon cabinet médical ce père de famille, que je connais de longue date, et qui, m’amenant sa fille pour une angine, me déclare : « De toute façon, moi, les onze vaccins obligatoires pour elle, c’est niet. Je refuse. » Je ne rappelle pas que l’obligation ne s’adresse qu’aux enfants à naître après le 1er janvier 2018. J’ouvre le carnet de santé, et je compte…
— Diphtérie coqueluche tétanos polio haemophilus rougeole oreillons rubéole tuberculose hépatite B pneumocoque méningocoque… votre fille a douze vaccins.
Il me regarde, fronçant les sourcils, puis :
— Ah bon ? Mais alors pourquoi on fait tout ce foin ?
Excellente question
« Pour chaque problème complexe, expliquait l’humoriste américain H. L. Mencken, il existe une solution simple, évidente, et fausse ». L’obligation vaccinale est la dernière en date de ces « solutions » technocratiques déconnectées du réel, et un petit retour sur les conditions de sa mise en œuvre est nécessaire.
En janvier 2016, Marisol Touraine lançait l’idée d’une concertation nationale citoyenne sur les vaccins, dont l’objectif affiché était de « rétablir la confiance des Français dans la vaccination ». Jurys citoyens et auditions se succèdent, sous la houlette du professeur Alain Fischer. En décembre 2016, celui-ci convoque une conférence de presse, et annonce que des vaccins hier encore recommandés mais non obligatoires deviendront gratuits ET obligatoires, de manière temporaire : « Dans le contexte actuel de perte de confiance et de baisse de la couverture vaccinale, note le comité, il apparaît nécessaire de réaffirmer le bien-fondé de la vaccination. » Le ministère de la Santé s’empare de ces conclusions, peaufine une loi, subordonnant l’admission en crèche ou à l’école à la réalisation des onze vaccins. De manière temporaire, rappelons-le, avant que, la confiance ayant été rétablie, cette mesure disparaisse d’elle-même.
Après Marisol Touraine, Agnès Buzyn, médecin, nouvelle ministre de la Santé