Décoloniser la francophonie
Une question qui dérange : pourquoi subventionner la Francophonie d’un côté (le côté des caméras) et couper les fonds aux initiatives de terrain, qui ne coûtent d’ailleurs pas cher, celles qui construisent vraiment des ponts entre les cultures en utilisant une langue commune, le français ?
En ce moment, à Paris on s’occupe à « déringardiser » la francophonie, pour mieux la célébrer avec l’aide dynamique et bénévole de Leïla Slimani, alors que le ministère de la Culture transmet semble-t-il brutalement à un autre théâtre les missions du théâtre du Tarmac, unique scène permanente de création contemporaine francophone non-française qui donne une large place à l’Afrique, au monde arabe et aux outre-mer. De l’autre côté de l’Atlantique, à Québec, ville de Littérature de l’Unesco, on subventionne l’ambitieuse initiative gouvernementale du Centre de la francophonie des Amériques mais on coupe le maigre budget de fonctionnement de l’Association internationale des Études québécoises, outil de rayonnement de la culture québécoise et de diplomatie culturelle dans le monde entier depuis 20 ans.
A-t-on les outils pour comprendre ce décalage ? La pratique de la francophonie serait-elle tout simplement passée de mode, au profit d’une rhétorique de la francophonie à l’ethos complaisant, globalisant et déconnecté ?
Si l’Afrique francophone s’est emparée du débat pour le relancer sur de vraies problématiques, celles des hiérarchies et de l’élitisme, ni la francophonie nord-américaine en général, ni le Québec en particulier, ne semblent sollicités pour entrer dans le débat, ou encore pour offrir des éléments de discussion dans le cadre du «lavage de linge sale en famille» (cf. Tarmac) francophone ayant lieu en ce moment à Paris. Pourtant, le contexte francophone minoritaire nord-américain offre plusieurs exemples de manifestations du rayonnement ou du rétrécissement de la francophonie malgré son enchevêtrement dans les notions quasi idéologiques de diversité et de francop