État d’urgence (1/3)
Dans la nuit du vendredi 13 au samedi 14 novembre 2015 ont eu lieu des actes d’une extrême violence, qui ont coûté la vie à 129 personnes. Je me souviens de mon incrédulité initiale quand j’ai appris la nouvelle. Je me souviens du nombre de morts qui ne cessait d’augmenter. De l’information qui arrive de nuit, alors que c’était de jour pour Charlie Hebdo. Des échanges de messages avec les proches qui s’enquièrent de l’endroit où l’on se trouve, de ceux qui s’inquiètent des personnes dont ils sont sans nouvelles, des messages aussi, où se disent des choses importantes, prenant conscience de la fragilité de nos vies.
Quand il se passe des événements graves et que l’on est un élu ou une élue, on se sent tenu de dire quelque chose. Quand un événement à la fois terrible et inattendu se produit, les repères sont bouleversés, nous sommes censés tenter de donner des explications, trouver du sens, dire quoi faire. Mais comment savoir quoi faire ? Comment donner du sens à ces actes criminels qui semblent justement en être dépourvus ? Comment employer les mots adéquats comme personnage public, alors que c’est intimement que nous sommes tous touchés ? Comment réagir opportunément et intelligemment alors même que nous sommes dans le cœur du cyclone ? Pas certaine que l’avalanche de réactions immédiates des responsables politiques soient les plus utiles et bienvenues quelques heures après l’événement, j’ai choisi de m’abstenir de réaction, que j’étais, par ailleurs, temporairement bien incapable de formuler. J’ai néanmoins relayé des réactions comme celle de l’ancien premier ministre norvégien, qui m’avait semblé employer des mots justes et de réconfort, des mots utiles après les terribles tueries d’Oslo et de l’île d’Utøya le 21 juillet 2011, qui avaient fait au moins 76 morts. S’adressant au terroriste qui disait vouloir « lutter contre l’islamisation de l’Europe », Jens Stoltenberg avait déclaré : « Vous ne détruirez pas la démocratie et notre travail pour rendre