État d’urgence (3/3)
Après une première prolongation de trois mois, il nous a été demandé, à nous parlementaires, d’introduire l’état d’urgence dans la Constitution. Autrement dit, il s’agissait de modifier la Constitution pour y introduire l’état d’urgence, alors même que nous étions en état d’urgence, c’est-à-dire pas dans les meilleures conditions de sérénité, celles dont on aurait pu penser qu’elles étaient souhaitables pour une modification de cette importance.
Après trois mois, le bilan était déjà piteux. Si l’on pouvait comprendre qu’on limite un certain nombre de rassemblements susceptibles de constituer des cibles privilégiées pour les terroristes, on a constaté que c’était surtout des manifestations pour la COP 21 qui étaient interdites, c’est-à-dire des manifestations pour la protection de notre planète. Alors que tous les marchés de Noël ont été maintenus. On peut le regretter mais il y a davantage de participants aux marchés de Noël qu’aux manifestations en faveur de la lutte contre le changement climatique… Sur la totalité des perquisitions, moins de une sur mille avait donné lieu à une mise en examen par la section antiterroriste. Quant au reste, sur sept perquisitions, six étaient sans objet, la dernière a permis de relever des infractions, mais sans rapport avec le terrorisme.
La déchéance de nationalité a également été adoptée par la majorité, dont les deux tiers des députés socialistes.
Malgré cela, l’immense majorité des parlementaires a voté pour prolonger l’état d’urgence encore à cinq reprises. Évidemment, j’ai voté systématiquement contre, l’inutilité de cette mesure face au terrorisme et sa dangerosité pour notre société se faisant chaque jour plus visibles. Pour ces mêmes raisons, le nombre de contestataires a un peu augmenté, mais assez peu finalement. La déchéance de nationalité a également été adoptée par la majorité, dont les deux tiers des députés socialistes, et ne doit son rejet final qu’au refus des sénateurs, non au principe lui-même, mais à