Politique

Menaces sur la diversité (2/2) – humanité en péril

Géographe

Monopoles et trusts d’un côté ; autocrates et réactionnaires de l’autre : les agents économiques et politiques qui ressurgissent en ce début de XXIe siècle profitent de leur incroyable force de frappe pour uniformiser le monde. Après avoir traité de la biodiversité et des aspects culturels – la superstructure –, ce second volet d’un diptyque consacré aux menaces qui pèsent sur la diversité s’attaque aux puissances économiques et politiques – à l’infrastructure.

Dans le domaine économique, la tendance est clairement aux fusions-acquisitions, aux cartels et aux monopoles, avec tous les dérapages et les périls qui les accompagnent. Le premier exemple qui vient à l’esprit est bien évidemment celui des GAFA, ces géants de l’internet qui, à part Apple, n’existaient même pas il y a vingt ans et qui figurent aujourd’hui aux tout premiers rangs des empires mondiaux. Or, le problème réside autant dans leur situation de monopole que dans leur puissance. Est-il admissible que Google représente à lui seul plus de 90% des parts de marché des utilisateurs de moteurs de recherche et de services en ligne ? A-t-on seulement conscience de l’immense banque de données dont dispose Google sur ses utilisateurs ?

Même situation monopolistique pour la société Amazon, qui contrôle plus de 70% de la livraison à domicile de par le monde, qui détruit des milliers de petits ou grands commerces et qui menace désormais les centres-villes américains. Même si cette pratique n’est pas nouvelle, il y a quelque chose de choquant dans le fait de voir le PDG d’Amazon, Jeff Bezos, faire monter les enchères auprès des villes américaines candidates à l’accueil du second siège social de la firme et prêtes à lui concéder pour cela des avantages fiscaux de toutes sortes.

Et que dire de Facebook (et sa filiale WhatsApp) et Twitter, les deux géants parmi les réseaux sociaux, dont on sait aujourd’hui de manière avérée qu’ils ont joué un rôle nocif dans les dernières élections américaine et brésilienne, fermant les yeux sur des millions de comptes haineux divulguant des fausses nouvelles en tout genre. Que ce soit à l’encontre de Google, Facebook ou Amazon, qui sont tous en situation de monopole, étrangement, ni la sévère loi américaine antitrust ni son homologue européenne n’ont été appliquées ni même sérieusement évoquées. Qui est de taille à s’attaquer aux GAFA ? Aujourd’hui, ces trusts sont tellement gros que leur puissance dépasse celle d’États d’importance mo


Boris Grésillon

Géographe, Professeur à l'Université Aix-Marseille, Senior Fellow de la fondation Alexander-von-Humboldt (Berlin)