La France à l’horizontale
De quoi les « gilets jaunes » sont-ils le nom ? Cette question n’a eu de cesse d’agiter le débat français au cours des derniers mois. Le plus souvent suivie, du moins chez certains, d’une autre interrogation, inquiète : verra-t-on bientôt la fin de ce mouvement ? Question mal posée selon moi, car il faudrait bien plutôt s’enquérir de : ne vois-tu rien venir ? Or ce que je vois venir n’a rien de réjouissant : ni le soleil qui poudroie, ni l’herbe qui verdoie, mais une double vague marquée par l’abstention et le vote Rassemblement national aux élections européennes du mois de mai. En attendant la suite, qui pourrait être pire.

Non que les « gilets jaunes » soient un mouvement d’extrême droite, loin de là. Ceux qui dessinent une comparaison hâtive avec le Mouvement 5 Étoiles italien, argument facile pour délégitimer cette nouveauté française d’un revers de main, sont, quand ce n’est dans le déni, du moins victimes d’un manque évident de clairvoyance. D’autant que le Mouvement 5 Étoiles lui-même, opportunément allié à une Ligue dont le programme économique est en contradiction avec ses propres revendications (comment financer un revenu universel tout en réduisant l’ensemble des impôts, y compris des plus favorisés ?), reste difficilement classable sur le traditionnel axe gauche-droite duquel il va falloir apprendre à nous déshabituer ; le conflit politique est aujourd’hui pluridimensionnel. De même que le monde est devenu bien plus complexe que la pensée de notre Président qui se limite à la théorisation d’un soi-disant affrontement entre des « progressistes éclairés » (essentiellement lui-même et ceux qui l’entourent ou le flattent) et des « bouseux moyenâgeux » (les autres).
Ce n’est pas en pointant du doigt les racines de l’explosion des populismes qu’on les conduit vers la victoire.
J’ai eu, au cours des dernières semaines, de nombreuses discussions avec toutes sortes d’incarnations de la pensée conservatrice. Brandissant le Mouvement 5 Étoiles comme épouvantail, e