Politique

Le Nouveau Monde après les européennes

Économiste

Malgré une forte concurrence et une campagne largement marquée par la division de la gauche, EELV a pu tirer son épingle du jeu lors des élections européennes de 2019. Avec 13,47% des voix, les Verts deviennent troisième parti de France. Un résultat qui peut nous paraître misérable au regard des défis de l’heure mais qui indique au moins des raisons d’espérer. Encore faut-il savoir le lire, objectivement, et surtout prospectivement.

Il y a 57 ans, je lançais dans mon lycée un canard ronéotypé, Lycée-Europe. Il y a 50 ans je participais à ma première manif écologiste pour libérer les bords de l’Erdre. Aujourd’hui on s’émerveille : 51% des Français ont consacré une heure, le jour de la fête des mères, à voter sur l’Europe, 13,5 % ont voté pour la liste Europe-Écologie. Comme la vie est lente et comme l’Espérance est violente !

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Mais ne boudons pas notre plaisir : on craignait tellement pire. Combinons le pessimisme de la raison et l’optimisme de la volonté. Si ces résultats nous paraissent misérables par rapport aux défis de l’heure, ils indiquent au moins des raisons d’espérer. Encore faut-il savoir les lire, objectivement, mais aussi prospectivement. Les élections européennes de 2019 confirment les évolutions considérables de ces dernières années, et c’est à partir de là que l’Espérance doit s’orienter dans les prochaines années. Cela vaut pour l’Europe, mais nous nous attacherons surtout ici au cas de la France.

En Europe

La grande et bonne nouvelle de ces élections est la poussée des Verts en Europe occidentale, y compris dans les Îles Britanniques et la Péninsule Ibérique, compensant leur quasi-disparition à l’est (sauf autour de la Baltique), où ils n’avaient jamais brillé, et en Italie. Les Grünen deviennent second parti d’Allemagne. Le groupe parlementaire européen Verts/ALE (qui inclut, comme sur la liste Europe-Écologie emmenée par Y. Jadot, les régionalistes de gauche, et cette proximité est loin d’être purement technique) passera de 52 à sans doute près de 80 députés quand diverses listes (comme les Pirates) l’auront rejoint.

Il y a là une véritable fracture générationnelle : la jeune génération est la première à mesurer très concrètement que l’insoutenabilité de notre modèle de développement va lui rendre la vie infernale, questionnant même le désir de faire des enfants.

Rapporteur pour l’Unesco au Sommet de la Terre de Rio en 1992 sur les négociations « Climat » et « Biodi


[1] Quand FX Bellamy fut désigné, je diagnostiquais une énorme erreur politique qui ferait passer EE devant LR, et lui donnerait sans doute un député supplémentaire par la répartition des restes à la plus forte moyenne. Les sondages semblèrent démentir ce pronostic…

[2] Ces « trahisons » ont servi d’arguments aux concurrents de la liste EE pour la discréditer. Inutile de se plonger dans la psychologie individuelle : le fait est, simplement, que EELV ne se « rapproche » ni du social-libéralisme ni de LREM, la preuve en étant que ces cadres ont dû quitter le mouvement pour rallier le PS ou LREM. Il reste que chaque parti, par son idéologie propre, indique ses « portes de sortie ». L’écologie politique est un « réformisme radical » que résume bien l’un des leitmotivs de la campagne Jadot, « Tout changer, tout de suite », obsédé à la fois par la vision radicale de ce qu’il faudrait changer (pas seulement le rapport salaire/profit !) et par l’idée, non moins juste, que le temps joue contre l’Humanité, qu’une mesure modérée aujourd’hui a plus d’effet qu’une mesure radicale demain. Ce qui désigne deux portes de sortie : coté radical vers La France Insoumise ou le Parti de la Décroissance, coté réformiste vers un « possibilisme », incarné selon les majorités politiques du moment par le PS ou LREM. De la même manière, le souverainisme national de LFI indique une porte de sortie : vers le RN

[3] Ces erreurs ont rendu plus difficile la mémorisation du « bon choix du bulletin de vote » dans le très-très grand public des quartiers populaires. En revanche les clips émis en fin de campagne furent excellents.

[4] C’est pourquoi je distingue le parti EELV et la liste EE.

[5] La liste Urgence Écologie n’a fait perdre que 1,8 %, soit un ou deux eurodéputés écologistes. Mais, pour des raisons que j’ignore, elle a « fait un malheur » en Nouvelle Calédonie en zone kanak, dépassant même EE à Lifou, et ramenant le vote EE en 4e position (ce qui n’est pas une bonne chose pour la Kanaky), al

Alain Lipietz

Économiste, Ancien député européen (Vert)

Notes

[1] Quand FX Bellamy fut désigné, je diagnostiquais une énorme erreur politique qui ferait passer EE devant LR, et lui donnerait sans doute un député supplémentaire par la répartition des restes à la plus forte moyenne. Les sondages semblèrent démentir ce pronostic…

[2] Ces « trahisons » ont servi d’arguments aux concurrents de la liste EE pour la discréditer. Inutile de se plonger dans la psychologie individuelle : le fait est, simplement, que EELV ne se « rapproche » ni du social-libéralisme ni de LREM, la preuve en étant que ces cadres ont dû quitter le mouvement pour rallier le PS ou LREM. Il reste que chaque parti, par son idéologie propre, indique ses « portes de sortie ». L’écologie politique est un « réformisme radical » que résume bien l’un des leitmotivs de la campagne Jadot, « Tout changer, tout de suite », obsédé à la fois par la vision radicale de ce qu’il faudrait changer (pas seulement le rapport salaire/profit !) et par l’idée, non moins juste, que le temps joue contre l’Humanité, qu’une mesure modérée aujourd’hui a plus d’effet qu’une mesure radicale demain. Ce qui désigne deux portes de sortie : coté radical vers La France Insoumise ou le Parti de la Décroissance, coté réformiste vers un « possibilisme », incarné selon les majorités politiques du moment par le PS ou LREM. De la même manière, le souverainisme national de LFI indique une porte de sortie : vers le RN

[3] Ces erreurs ont rendu plus difficile la mémorisation du « bon choix du bulletin de vote » dans le très-très grand public des quartiers populaires. En revanche les clips émis en fin de campagne furent excellents.

[4] C’est pourquoi je distingue le parti EELV et la liste EE.

[5] La liste Urgence Écologie n’a fait perdre que 1,8 %, soit un ou deux eurodéputés écologistes. Mais, pour des raisons que j’ignore, elle a « fait un malheur » en Nouvelle Calédonie en zone kanak, dépassant même EE à Lifou, et ramenant le vote EE en 4e position (ce qui n’est pas une bonne chose pour la Kanaky), al