Promotion du 14 juillet, le revers des médailles
De 1812 à 1814, Francisco de Goya peint le portrait du général britannique Arthur Wellesley (1769-1852). Il vient de faire son entrée dans Madrid à la tête des troupes britanniques apprenant ainsi aux Espagnols que Bonaparte est mortel. Le futur premier duc de Wellington est représenté légèrement de biais ; le portrait est resserré pour ne montrer que le buste, l’arrière-plan a disparu dans une forme d’obscurité. L’uniforme est celui d’un général de l’armée anglaise et les touches de couleurs, rouge et or, sont apportées par les décorations qu’il arbore.

Sur ce portrait, Wellington y porte un grand nombre de décorations et d’ordres de chevalerie européens du XVIIIe siècle. Il donne à voir la diversité et la richesse de ces systèmes de récompense qui ont atteint alors une forme d’apogée : en sautoir, le bijou de l’ordre de la Toison d’or, les cordons rouge et bleu sont ceux du Bain et de la Jarretière britanniques, les plaques sont notamment celles de l’ordre espagnol de Saint Ferdinand. Pendant la période moderne, ces ordres sont des instruments créés ou recréés par les monarques européens pour récompenser et contrôler la noblesse qui y était admise.
Chez Goya, la décoration qui attire le regard est au centre de la poitrine du général : la croix dorée de la campagne péninsulaire avec trois agrafes qui correspondent à trois victoires. L’usage de cette décoration, déjà utilisée dans la Royal Navy pour les commandants de navires victorieux, se généralise avec les campagnes napoléoniennes. En effet, la multiplication des combats et des officiers à récompenser déstabilise un système des honneurs organisé pour le service de la cour.
Les décorations et autres systèmes de distinction sont la marque d’une société consciente de sa dépendance aux actions, aux engagements individuels.
Au XIXe siècle, la complexité des États et des sociétés occidentales autant que l’importance croissante des corps intermédiaires conduisent à réorganiser ces systèmes de récompenses civi