Le droit universel à la respiration

Certains évoquent d’ores et déjà « l’après-Covid-19 ». Pourquoi pas ? Pour la plupart d’entre nous cependant, surtout dans ces régions du monde où les systèmes de santé ont été dévastés par plusieurs années d’abandon organisé, le pire est encore à venir. En l’absence de lits dans les hôpitaux, de machines respiratoires, de tests massifs, de masques, de désinfectants à base d’alcool et autres dispositifs de mise en quarantaine de ceux qui sont d’ores et déjà atteints, nombreux sont malheureusement ceux et celles qui ne passeront pas par le trou de l’aiguille.
La politique du vivant
Il y a quelques semaines, face au tumulte et au désarroi qui s’annonçaient, certains d’entre nous tentaient de décrire ces temps qui sont les nôtres. Temps sans garantie ni promesse, dans un monde de plus en plus dominé par la hantise de sa propre fin, disions-nous. Mais aussi temps caractérisé par « une redistribution inégalitaire de la vulnérabilité » et par de « nouveaux et ruineux compromis avec des formes de violence aussi futuristes qu’archaïques », ajoutions-nous[1]. Davantage encore, temps du brutalisme.
Par-delà ses origines dans le mouvement architectural de la moitié du XXe siècle, nous définissions le brutalisme comme le procès contemporain « par lequel le pouvoir en tant que force géomorphique désormais se constitue, s’exprime, se reconfigure, agit et se reproduit ». Par quoi, sinon par « la fracturation et la fissuration », par « le désemplissement des vaisseaux », « le forage » et le « vidage des substances organiques » (p.11), bref, par ce que nous appelions « la déplétion » (p. 9-11) ?
Nous attirions l’attention, à juste titre, sur la dimension moléculaire, chimique, voire radioactive de ces processus : « La toxicité, c’est-à-dire la multiplication de substances chimiques et de déchets dangereux, n’est-elle pas une dimension structurelle du présent ? Ces substances et déchets ne s’attaquent pas seulement à la nature et à l’environnement (l’air, les sols, les eaux, les cha