Inscrivons l’hospitalité au Patrimoine culturel immatériel de l’humanité
« Paris, Porte d’Aubervilliers, 28 janvier, 5 heures du matin, un nouveau camp de migrants évacué ». Le journaliste fait semblant de transmettre des informations nouvelles sur les opérations en cours et de trouver un sens inédit aux communiqués municipaux et préfectoraux du jour. Il prend la peine d’interroger le devenir des personnes, de l’espace, des politiques publiques en la matière, comme si demeurait à leurs endroits un brin de mystère. Il cultive une certaine candeur qui lui vaudra probablement d’être remobilisé lors de la prochaine évacuation pour répondre à la croyance, s’il en reste, que quelque chose de sensé peut advenir d’un tel tumulte.
Parce que tous autant que nous sommes, services municipaux comme préfectoraux, exaspérés comme indignés, pro comme anti, savons que la répétition des mêmes mesures, des mêmes gestes, des mêmes paroles garantit que rien ne va changer, que tout va s’aggraver. Nous savons que dans quelques jours « un nouveau camp de migrants » se réinstallera un peu plus loin, se dégradera un peu plus rapidement, fera l’objet de notre colère un peu plus profonde, sera le théâtre d’une opération d’évacuation plus impressionnante encore.
Chacun porte son masque : aux forces de l’ordre un tissu blanc sur le visage assurant que le péril est imminent et que malmener des personnes terriblement fatiguées au petit matin est bien nécessaire ; aux acteurs publics, Maire de Paris et Préfet d’Île-de-France au premier chef, la récitation en boucle des mots « indigne », « insupportable », « humanitaire », « abri » comme autant de preuves tautologiques du caractère raisonnable de l’intervention d’envergure qu’ils supervisent affublés d’un gilet fluorescent pour signifier la crise ; aux militants, sur les réseaux sociaux, le concert bruyant des cris d’orfraie attestant que tous sont des salauds car, débite-t-on, les solutions définitives existent et ne manque que la volonté qu’un racisme indécrottable anéantit.
Tout s’entretient et tous s’entre