Fragilité blanche, colère française
Cela dure depuis plusieurs décennies, mais ça s’aggrave : chaque nouvelle vague des mouvements sociaux, féminisme ou écologie, se voit récusée comme « anglo-saxonne », quand bien même, d’Élisée Reclus à Simone de Beauvoir, on n’aura aucun mal à lui trouver des ancêtres bien de chez nous. Aujourd’hui : l’anti-racisme.
Je ne vais pas faire d’archéologie. Dans ma mémoire immédiate, la grogne a commencé quand en janvier 2015 un Premier ministre, qui ne faisait que reprendre le vocabulaire des spécialistes du Mirail et autres Cité des 4000 logements de La Courneuve (voir par exemple Ghetto urbain paru en… 2008 !) eut le malheur de parler de « ghettos urbains » pour désigner ce qu’un bon Français se doit d’appeler « quartiers prioritaires de la Politique de la Ville ». Hannibal ad portas ! Ce mot italien ghetto, tristement popularisé dans notre noble pays par le traitement des Juifs polonais par les nazis allemands, annonçait une nouvelle offensive de l’ennemi : la sociologie anglo-saxonne. Invasion totalement illégitime : « Il n’y a pas de ghetto en France, c’est un truc pour les Américains ».
Ce printemps, la grogne française a tourné à la rage quand, c’est un comble, de jeunes morveux, sans doute gavés de mauvaises séries télévisées anglo-saxonnes, genre The Wire (Sur écoute), osèrent assimiler dans leurs manifestations le meurtre de George Floyd et celui d’Adama Traoré, ouvrant la porte aux démagogues qui introduisaient en contrebande ces concepts à la rigueur valables outre-Atlantique : « privilège blanc », « suprématie blanche », etc. Comme s’il y avait jamais eu France un code civil spécial pour les Noirs ! D’accord, nous eûmes jadis des différends avec nos voisins Ritals, nos Youpins, nos Polaks, nos Niakoués, nos Bougnoules, mais un racisme anti-Noirs, jamais ! « Nègre », en France, c’est un style artistique semi-représentatif dont s’inspira l’École de Paris (Picasso, Modigliani, etc), ou un auteur qui travaille pour un autre.
Ultime provocation, cet