Féminisme. Radicalité. Respect.
Quel visage prendra le 8 mars 2021 ? Les combats féministes sont en France, depuis un an, la cible d’une critique récurrente : la radicalité des formes de leur expression nuirait à leur message, quand ce n’est pas à la cause des femmes. Les dénigrements sont des plus faciles – quoique d’une particulière faiblesse intellectuelle – sous cet angle : les engagements pour les droits des femmes sont prétendument reconnus comme une cause majeure dans la seule mesure où les actions, les prises de parole, les prises de position resteraient « modérées », « sages », « bien comme il faut ». Dans la seule mesure où, autrement dit, les femmes resteraient « à leur place ». Ainsi que l’analyse la sociologue Eva Illouz, « le troisième âge de la révolution féministe [est] encore très mal compris parce que, pour beaucoup, il semble exiger des comportements plus policés ». Y a-t-il chez certains le regret des répertoires d’actions militantes des femmes conservatrices antiféministes américaines qui approchaient les législateurs « au moyen de pains et confitures faits maison » ? On ne peut contester les critiques des nouveaux combats féministes sur un point : ces combats sont radicaux. Mais elles se méprennent sur le sens comme sur les fondements de cette radicalité.
« C’est le politique qu’on oublie »
Ces critiques ignorent, outre la dynamique des nouvelles formes de mobilisations féministes, deux réalités structurantes. La première est l’ampleur des transformations à conduire. Près de cent cinquante femmes décèdent tous les ans en France sous les coups de leur compagnon [1] et plus de cinquante mille plaintes pour viols ou agressions sexuelles sont déposées chaque année. En Europe, cinquante-cinq pour cent des femmes ont été victimes de harcèlement sexuel au moins une fois après l’âge de quinze ans [2]. A l’allure actuelle, la parité dans le monde du travail sera atteinte dans deux cent deux ans. Ceux qui dénoncent la radicalité des combats féministes méconnaissent-ils volon