Mourir sans partir : en France, ni euthanasie ni suicide assisté

Cela fait vingt ans que la France vote des lois sur la fin de vie qui n’améliorent pas la mort des Français. Pourquoi ? Ces derniers sont très largement favorables à l’euthanasie et au suicide assisté (en 2021, à respectivement 93 % et 89 %) et depuis longtemps, mais la législation s’est historiquement organisée sur l’interdit de tuer.
Quoi voter ?
Des désespérés ont beau réclamer l’aide médicale active qui les aidera à partir, rien n’y fait. Ils peuvent écrire des livres qui témoignent de leur calvaire pour s’éteindre selon leur volonté, comme l’a fait l’écrivaine Anne Bert [1], ils demeurent sans possibilités ni aucune perspective autre que celle de se rendre à l’étranger.
Ailleurs, des lois répondent aux attentes de leurs concitoyens avec des médecins qui n’abandonnent jamais leurs patients à la main des collègues étrangers. Outre la Belgique qui sature de sollicitations de patients français et la Suisse qui déborde de demandes, la légalisation du soutien pour mourir dans la dignité s’annonce désormais en Espagne où la loi a été votée en mars 2021 et au Portugal où elle s’apprête à l’être, et aussi en Allemagne qui révise sa législation. Pour l’instant, c’est de la Pologne dont la législation française est désormais la plus proche.
Partir rejoindre une autre législation que celle en vigueur chez soi n’est pourtant ni commode, ni donné à tout le monde. Tout repose sur les capacités d’accueil des pays environnants et de ses propres moyens financiers. Tant et si bien que l’absence de loi pour l’euthanasie et le suicide assisté en France incite la plupart des candidats à anticiper largement le moment de leur trépas. Leur crainte est de n’être plus en état de voyager, parce que déjà ruinés par la maladie et ses handicaps.
Mourir dans la dignité en France restaure l’ordre des privilèges que des révolutionnaires avaient aboli en 1793. Alors que passer une frontière de son vivant pour trépasser légalement ailleurs taraude bien des malheureux qui sont déjà parve