Pour un management public coopératif

L’élection présidentielle aura lieu dans un an et les débats entre les partisans des nationalisations et ceux des privatisations vont reprendre.
Pour les premiers, la crise de la Covid-19 signe l’échec de la mondialisation, à l’origine de la diffusion du virus et des délocalisations de la production de masques ou de vaccins. Pour les seconds, les rigidités bureaucratiques sont la cause des dysfonctionnements logistiques, tandis que le poids de la dette oblige à réduire l’intervention de l’État.
Une autre voie existe pourtant, tracée par les nouvelles formes d’économie sociale et solidaire (ESS) qui expérimentent un management public coopératif. Celles-ci impliquent de concevoir d’autres arrangements institutionnels renouvelant les rapports entre l’État et la société.
Disrupter le nouveau management public
Les travaux précurseurs de Michel Foucault sur le néolibéralisme en fournissent la clé autour de la notion de gouvernementalité, définie comme « la manière dont on conduit la conduite des hommes [1] ».
La focale sur l’action de l’État permet de saisir les relations de pouvoir qu’il entretient avec la population pour penser et agir sur la société. Sous cet angle, le néolibéralisme n’est pas la simple actualisation du libéralisme, il introduit une rupture, une nouvelle rationalité gouvernementale. Avec le libéralisme, il s’agissait de limiter les excès de gouvernement, donc de procéder au découpage d’un espace hors d’atteinte de l’intervention de l’État, laissé au marché dont les mécanismes étaient postulés naturels. Le néolibéralisme réhabilite à l’inverse le rôle des institutions, auxquels il revient de fixer le cadre dans lequel opère le marché.
Cette nouvelle rationalité « ne pose pas à l’État la question de savoir : quelle liberté vas-tu laisser à l’économie ? mais […] pose à l’économie la question : comment est-ce que ta liberté va pouvoir avoir une fonction et un rôle d’étatisation, dans le sens où ça permettra de fonder effectivement la légitimité d