Afrique-France : la disruption

La tradition des « sommets inégaux » ne date pas d’aujourd’hui. Généralement, ceux-ci réunissent, d’un côté, une puissance établie et, de l’autre, un ensemble d’ « États mineurs » jouissant de droits théoriquement équivalents, mais occupant une position subordonnée sur l’échiquier mondial. C’est, en particulier, le cas des États africains avec lesquels la France tient, depuis 27 ans, de telles assises. Elle n’est pas seule dans ce cas, puisque d’autres pays tels que la Chine, l’Allemagne, le Japon, l’Inde, et la Russie se sont eux aussi prêtés à ce genre d’exercice.
Le Nouveau Sommet Afrique-France vient de se tenir à Montpellier. Plus de 3 000 personnes y ont participé. À l’appel, cependant, manquait cette fois-ci le cortège des tyrans : chefs d’État à vie, caporaux, colonels et généraux ayant pris le pouvoir à la suite de coups d’État, présidents issus de successions de père en fils ou de tripatouillages électoraux, etc. Ils n’avaient tout simplement pas été invités.
Parole compulsive à la place de l’analyse critique
Au centre des débats était la question de la refondation des relations entre la France et le continent africain. Le président Emmanuel Macron m’avait demandé, en février 2020, de « l’accompagner » dans ce périlleux exercice. Le risque de l’équivoque était réel. Aussi bien des amis proches que des figures respectées auraient voulu que je lui oppose une fin de non-recevoir. Tournant le dos à leurs conseils, j’ai choisi d’être présent.
Toute réponse affirmative à une sollicitation de ce type n’est pas nécessairement mue par un désir de compromission. Répondre, c’est aussi prendre à témoin, et, au besoin, prendre date.
Après m’être entouré d’un comité composé de personnalités africaines et de la diaspora dont ni la renommée, ni l’indépendance d’esprit ne souffraient d’aucune contestation, j’ai donc, pendant 7 mois, « accompagné » un cycle de 65 débats dans douze pays africains (Afrique du Sud, Angola, Kenya, République démocratique du Congo, Cam