L’« école ouverte » ou le monde parallèle de Jean-Michel Blanquer
Entre 2014 et 2018, Jean-Michel Blanquer a successivement publié L’école de la vie, L’école de demain, L’école de la confiance, trois ouvrages qui résument assez bien sa vision de l’école, ses perspectives de carrière et ses desseins programmatiques. Mais on pensait la trilogie achevée. Or un petit dernier vient de voir le jour, pour lequel le ministre de l’Éducation nationale fait des infidélités à son éditeur fétiche Odile Jacob et entre dans la cour de la prestigieuse maison d’édition fondée par Gaston Gallimard. Il faut dire que l’enjeu est important. Il est désormais temps de défendre un bilan qui est loin de faire l’unanimité dans le monde de l’éducation.

C’est donc d’« École ouverte » qu’il est question dans cet opus, un titre polysémique permettant autant de justifier le choix gouvernemental de maintenir les écoles françaises ouvertes le plus longtemps possible durant la pandémie, que d’affiner sa présentation de l’école du futur, dans la perspective d’une continuité idéologique qui ne serait pas brutalement interrompue en 2022. Il s’agit ainsi d’un programme électoral autant que d’un coup auto-promotionnel, ce qui ne lasse pas d’étonner car les éditions Gallimard, malgré quelques rares incartades vers le monde politicien, ne nous avaient guère habitués à s’aventurer sur le terrain du service après-vente d’un ministère.
Pourtant comme l’ont déjà souligné plusieurs compte-rendus, le nouvel essai de Jean-Michel Blanquer oscille entre « le roman » (François Jarraud dans le Café pédagogique) et l’exercice de suffisance auto-satisfaite d’un ministre « droit dans ses bottes » (Violaine Morin dans Le Monde). Ces petits arrangements avec la vérité, décrits avec un lyrisme très exagéré, ne manquent pas d’interroger sur ce que vient faire Gallimard dans cette galère outre apporter sa logistique à la communication officielle.
Un ministre au Front
Le récit reprend donc à sa sauce la traversée scolaire de la pandémie. Une interprétation au premier niveau de son