Sur l’échec de la campagne Jadot
Au soir du 10 avril, à Villejuif, une toute jeune assesseure pleurait : « Ils ont oublié le climat ! Que va être ma vie ? » Le « candidat du climat », Yannick Jadot, était comme partout ailleurs écrasé dans les urnes (un peu moins à Villejuif, 5,3 %, qu’en France, 4,7 %). Le « vote utile à gauche » avait basculé dans les trois mois précédents vers Jean-Luc Mélenchon, puis cristallisé dans les derniers jours, au nom d’un fantomatique « trou de souris » provoqué par la scission de l’extrême droite entre Marine Le Pen et Éric Zemmour.

Ce discours illusoire a touché tous les gogos, mais aussi des personnes que je croyais très expérimentées, rencontrées la veille à la manifestation climat : « La position de Mélenchon sur l’invasion de l’Ukraine est scandaleuse, celle de Jadot excellente, mais tu comprends, s’il y a la moindre chance de battre Le Pen dès le premier tour… » On estime qu’environ la moitié du vote Mélenchon fut ainsi un vote tactique, et comme le montre une étude minutieuse sur le Val-de-Marne, même l’électorat socialiste séduit en 2017 par Emmanuel Macron, puis déçu, s’est rallié à Jean-Luc Mélenchon. Et pas à Yannick Jadot.
Évidemment, il n’y avait pas la moindre chance que Jean-Luc Mélenchon batte Marine Le Pen. Et surtout, ça ne dépendait pas des électeurs de gauche, mais… de l’électorat Zemmour. Comme je le montrais minutieusement dans mon livre Face à la toute-urgence écologique : la Révolution verte, il y a trois « bassins d’attraction » en France, par poids décroissant : l’extrême droite, le centre droit, l’éco-social-démocratie.
Au sein du troisième attracteur, il y a une rivalité entre deux « Princes modernes » (comme disait Gramsci) pour convertir cet attracteur en futur bloc social hégémonique : les écologistes et La France insoumise (LFI). Les premiers se sont imposés dans les trois élections précédentes, européennes et locales. Nous allons tenter de comprendre pourquoi c’est le candidat de la seconde qui s’est imposé à l’élection prés