Les abstentionnistes, introuvables citoyens ?
La double séquence électorale que nous venons de vivre entre présidentielle et législatives livre une situation démocratique historique à deux points de vue : politiquement, nous héritons d’un président réélu mais dépourvu de majorité et démocratiquement nous constatons un niveau d’abstention record au point que si l’on cumule les quatre tours de scrutins une très large majorité d’électeurs s’est abstenue au moins une fois. Ces deux résultats sont intimement liés. Dans les urnes, l’absence d’électeurs se traduit par des équilibres locaux qui ne tiennent qu’à un fil (le nouvel échec des sondeurs signe cette imprévisibilité).
Pour la conduite des politiques publiques, cette mise en retrait d’une grande majorité de citoyens mine la légitimité et la crédibilité des gouvernants dans un cercle vicieux qui peut paraître sans fin. Le premier sujet, la perte de la majorité du gouvernement va probablement accaparer les partis et les éditorialistes pendant les prochaines semaines. Le second sujet, la perte de la majorité des électeurs risque une fois de plus de passer au second plan, rejetant encore plus ceux-ci dans les limbes démocratiques.
Du début à la fin, ces élections seront donc un nouveau rendez-vous raté… Malheureusement. À chaque élection le sujet de la (non) participation des citoyens aux élections s’invite à 20 heures pendant quelques minutes. À chaque élection tout le monde s’alarme. Et chaque échéance électorale aggrave de manière prévisible les questions qui se posent depuis des années. Le sujet a pu être occasionnellement éludé à la faveur de scrutins réputés « moins passionnants pour les électeurs » mais désormais plus rien ne résiste : ni la présidentielle, ni les municipales… Le problème est indubitablement constitué.
Ainsi, au second tour de l’élection présidentielle de 2022, l’abstention atteignait 28 % pour l’ensemble du corps électoral, mais surtout plus de 40 % chez les 18-24 ans. Au premier tour des législatives, le décrochage est encore plus impressionnant avec 53 % des inscrits absents des urnes et 70 % pour les jeunes. Oublions les pourcentages qui cachent une réalité encore plus sidérante quand on la ramène aux chiffres bruts : sur 12 millions de Françaises et Français de moins de 35 ans, 8,4 millions ne se sont pas rendus aux urnes, comme si l’ensemble des électeurs de la région parisienne n’avait pas voté. Présenté autrement, il y a deux fois plus de jeunes qui ne sont pas allés voter que d’électeurs qui ont voté pour le RN. Le second tour n’a pas démenti cette désertion, au contraire.
Ce déséquilibre se traduit dans les urnes. Les jeunes, qui pèsent 24,5 % du corps électoral, n’ont représenté que 15,5 % des votes. Le même constat pourrait être dressé pour d’autres catégories d’électeurs comme les ouvriers et employés : qu’il s’agisse de retraite ou de pouvoir d’achat pour les uns, de climat, de formation et d’insertion pour les autres, les sujets qui les concernent sont au centre du débat politique mais eux ne sont pas là au moment des choix. L’avenir du pays, leur avenir est de fait décidé par d’autres. En schématisant, l’avenir des jeunes est décidé par leurs grands-parents, celui des catégories populaires par les plus aisés.
Les initiatives qui se mettent progressivement en place semblent aggraver le problème. Alors même qu’il a organisé un grand débat national et une convention citoyenne pendant son mandat, Emmanuel Macron constate avec désarroi la hausse inexorable de l’abstention. On entend tout autant le désarroi de Jean-Luc Mélenchon qui a pourtant eu le sentiment d’apporter des réponses directes aux questions de pouvoir d’achat, de climat, d’école et construit des propositions avec nombre d’acteurs localement engagés…
Mais, ce désarroi, partagé par toute la classe politique abîme la France : à la recherche de majorités de plus en plus fugaces voire évanescentes, elle ne prend plus le temps ni la peine d’analyser le fond des messages adressés par des citoyens qui désertent les isoloirs. D’ailleurs, on n’a jamais autant parlé de politique politicienne que ces derniers mois : capacité de LFI, du PS et d’EELV à s’entendre pour créer la Nupes, tactiques et habileté de François Bayrou ou d’Édouard Philippe pour exister lors du second mandat et, à présent, recherche d’une majorité alternative à la toute-puissance perdue de LREM… chaque occasion manquée creuse plus encore le fossé entre les citoyens et les appareils politiques.
Ce n’est pas faute de chercher des solutions : conventions ou primaires citoyennes, réforme institutionnelle, vote obligatoire, vote en ligne… Le problème est que toutes ces tentatives sont autant d’échappatoires, intentionnelles ou inconscientes, car elles ne traitent pas le fond du sujet. Elles technicisent et parcellisent les débats afin de « trouver des solutions » quand il s’agit avant toute chose de convaincre les citoyens que leurs choix pèsent et qu’ils peuvent vraiment leur donner le pouvoir de changer le sens des décisions prises en leur nom. Ils veulent pouvoir toucher au cœur du réacteur, celui où se décide « de quoi on parle ».
Cette possibilité leur est pourtant rarement accordée : quand on les convoque, c’est au nom de leur « expertise du quotidien », comme si un citoyen n’était pas d’abord et avant tout compétent en matière de politique et d’intérêt général ! À l’occasion d’initiatives ponctuelles, les dirigeants savent s’appuyer sur ces énergies : le projet « Territoire zéro chômeur de longue durée » est un exemple parmi d’autres. Mais cette approche inclusive ne s’étend jamais à l’échelle du projet politique en tant que tel. Or, les jeunes n’iront pas voter pour la seule raison qu’il existe un dispositif « un jeune, une solution » (même utile), ni les ouvriers dans la perspective d’un chèque alimentaire (même nécessaire)… Cette idée qu’une bonne mesure ramènera les gens aux urnes traduit la vision consumériste que les dirigeants ont des électeurs.
Si l’on parle des jeunes, de récentes enquêtes qualitatives menées auprès d’eux à Annecy, en Seine-Saint-Denis ou dans de nombreuses zones rurales du pays révèlent des personnes très structurées autour des notions d’égalité, de réussite, de rythme de vie, etc. Les jeunes et les citoyens qui discutent avec eux parlent « insertion », « logement », « création d’entreprise », « formation », mais ils mobilisent des valeurs puissantes et inscrivent volontiers leurs cas particuliers dans des enjeux d’ordre plus général. Cette notion très immatérielle, leur place dans le monde, traverse les centaines d’entretiens réalisés or elle n’apparaît jamais dans les récits politiques proposés à leur vote. On leur parle de Parcoursup (on a raison : ils s’en plaignent), de leurs difficultés à se loger voire se nourrir (on a raison : ils en souffrent) mais une accumulation de mesures ne constitue pas une vision politique. Que dit la gauche, par exemple, à la jeunesse française ?
Le même constat existe pour les catégories populaires au travers de questions essentielles : on parle du niveau du SMIC et des conditions de travail, les retraites sont au cœur du débat… Pour autant, un syndicat dirait-il autre chose ? Car on ne vote pas dans le seul but de résoudre des problèmes d’ordre personnel. Le rôle de la politique est même précisément de ne pas se cantonner au rapprochement des intérêts mais plutôt de créer les conditions d’un dépassement des intérêts divergents par le dialogue et la co-construction d’horizons de sens commun comme la solidarité, le bonheur, la Patrie, etc. En l’occurrence, lorsque l’on écoute les citoyens des catégories populaires, ils font part de leurs nombreuses interrogations sur la façon de maîtriser leur vie et déplorent que tout pouvoir semble leur échapper. Mondialisation, administration, hiérarchies… ils attendent évidemment des solutions concrètes à leurs problèmes quotidiens mais connaissent suffisamment bien la complexité du monde contemporain pour ne se satisfaire que de promesses techniques. Ils cherchent aussi les indices leur permettant de penser que « ces dirigeants-là » ils peuvent compter sur eux, qu’ils sont attentifs à eux.
De même que la carotte n’est pas le meilleur moyen pour toucher les citoyens, on peut douter de l’efficacité du bâton.
Il ne suffit donc pas d’avoir, soi-même, la conviction solidement ancrée de disposer d’un bon diagnostic et de proposer des solutions adaptées au problème. Les citoyens se mobilisent s’ils ont le sentiment de compter pour leurs interlocuteurs, s’ils sont persuadés que ceux-ci n’attendent pas seulement leurs votes mais sont prêts, aussi, à entendre leurs voix, « même pour entendre des choses désagréables » pour reprendre les mots d’une habitante du Havre interviewée en 2015 sur l’avenir de son quartier et sa ville.
Là où les élus considèrent que des promesses parfaitement ajustées suffiront à emporter l’adhésion de citoyens rationnels, les citoyens échaudés guettent plutôt une capacité d’écoute et de la considération. Ce hiatus est loin d’être un détail anodin. Il nourrit tous les fantasmes et les faux procès intentés par les élus aux « mauvais citoyens », ceux qui ne se déplacent pas : « on fait des choses mais les habitants ne viennent pas », « ils ne s’intéressent plus à la politique »… Il suffit pourtant de rassembler dans une salle une soixantaine de Français suffisamment différents les uns des autres pour assister à un débat politique de la plus haute tenue.
C’est du travail car on ne se déplace jamais par hasard sur la base d’un simple flyer… Face à cette distance, la tentation est forte pour les élus d’admonester les habitants : c’est le registre adopté entre les deux tours des législatives par Jean-Luc Mélenchon, Sandrine Rousseau ou Adrien Quattenens. De même que la carotte n’est pas le meilleur moyen pour toucher les citoyens, on peut douter de l’efficacité du bâton. On peut les sommer de sauver la République depuis un tarmac d’aéroport, ils répondent par l’élection de 89 députés du Rassemblement national.
Depuis longtemps il est clair que le problème n’est pas tant dans la justesse des réponses apportées que dans la structure même de l’espace démocratique. Alors que les citoyens sont de plus en plus éduqués et que le monde est de plus en plus complexe, les électeurs voient bien que les capacités d’action des élus sont limitées. Le sujet de fond tient à la façon dont les agendas politiques et médiatiques sont construits : sans les gens. On les « approche » par le truchement de sondages ou de quelques acteurs « de terrain » plus engagés que les autres, on consolide leurs attentes supposées au moyen de bases de données sophistiquées, mais jamais on ne part de leur vision des questions à traiter pour constituer les enjeux.
On a beaucoup parlé de proportionnelle pour rééquilibrer les pouvoirs, mais une réforme, fut-elle institutionnelle, ne changera rien si elle demeure un faux-nez pour continuer à refuser l’obstacle ! Depuis quand, dans une démocratie, est-il devenu problématique de devoir parler et s’entendre avec des personnes ne partageant pas a priori le même point de vue que soi ? Peut-être l’absence de majorité à l’issue des législatives est-elle un mal pour un bien de ce point de vue : la question reste celle de la structure trop peu démocratique de notre espace politique.
Tout montre que les Français sont politiques et ont à la fois beaucoup de ressources et d’énergie. Le pays a des problèmes mais il va bien. Le monde politique, lui, va de plus en plus mal et, faute de se soigner, ses dirigeants créent les conditions de leur propre incapacité à imaginer et déployer des solutions. La France est aujourd’hui en panne parce que la politique ne se connecte pas à cette énergie. Soyons clairs : ce n’est pas à cause de ses élus, dont beaucoup font un travail formidable, mais à cause de la façon dont fonctionne notre espace politique au sens large, ceci incluant les partis, les grandes administrations et les corps intermédiaires.
Les visions réactionnaires simplistes fleurissent systématiquement sur l’absence de travail et de socialisation politiques.
De fait, les élus ne font pas assez confiance aux citoyens et ne se font pas assez confiance eux-mêmes pour oser faire avec l’ensemble des Français ce qu’ils aiment et ce en quoi ils croient : de la politique. Pourquoi et comment les dirigeants politiques se sont eux-mêmes convaincus qu’ils devaient abjurer ce qu’ils adorent est un mystère. Force est de constater qu’ils ont abandonné leurs rêves, ils renoncent à faire et refaire le monde avec leurs concitoyens. Obsédés par la crédibilité de leurs « boîtes à outils » (pour reprendre l’expression de François Hollande) et par les moyens à mobiliser pour rendre concret ce dont ils parlent (bien loin de l’idée attribuée au général De Gaulle que « l’intendance suivra »), ils finissent par oublier de débattre avec leurs concitoyens de l’avenir à construire. Inversant les fins et les moyens, ils parlent des recettes avant de discuter des menus à la carte. Or, dans un monde sans repères, c’est la composition de la carte elle-même qui doit être mise en discussion.
Il ne s’agit donc pas de dédouaner les abstentionnistes de leur non-participation au vote, mais leur absence devrait davantage interpeller les élus sur ce que signifie ce dédain. Car, répétons-le, ce n’est pas du désintérêt pour la politique. On entend même régulièrement, dans les enquêtes et rencontres organisées sur le terrain pour le compte de collectivités locales ou d’entreprises, ce constat désabusé de certains jeunes : « plus je m’intéresse à la politique, moins j’ai envie de voter ». De fait, les élections sont le moment où le débat sur l’avenir est le plus gelé et les partis le seul endroit où l’on ne fait plus de politique.
Les citoyens répondent encore présent quand on va les chercher mais, à ce rythme, échanger avec leurs concitoyens finira bientôt par ne même plus les intéresser ? In fine, on sait où tout cela conduit : les visions réactionnaires simplistes fleurissent systématiquement sur l’absence de travail et de socialisation politiques. La rémanence du vote RN dans les territoires populaires et ruraux n’a longtemps été que l’image en négatif de l’effondrement des autres partis, elle apparaît de plus en plus comme un ancrage réel.
Qu’il s’agisse des jeunes, des catégories populaires ou des habitants des banlieues et périphéries du nord-est et du bassin parisien, les trois grandes populations absentes des derniers scrutins ont ceci en partage : personne n’écoute leurs projets. Nous avions pu partager ce constat dans Le Monde au moment des Gilets jaunes. « Cette France qui manifeste n’est pas dépourvue de projet ». Au contraire c’est parce qu’ils revendiquaient de pouvoir être plus libres de les porter, plus à égalité au moment de les défendre et plus soutenus et encouragés avec fraternité que les Gilets jaunes se sont mobilisés face à ce qu’ils percevaient comme un mur d’incompréhension. Trois ans et plusieurs élections plus tard, on ne peut pas dire que ce mur soit aujourd’hui fissuré, au contraire. Les pseudos concertations ont succédé aux vraies opérations de communication dissimulées sous un verni « participatif » et les mots et les idées des habitants qui avaient pu percer le temps d’un hiver ont été à nouveau étouffés.
Il n’est pas innocent de reparler des Gilets jaunes ici : à la différence des révoltes populaires de 1936 ou 1968 qui avaient trouvé leurs débouchés dans des revendications politiques, la crise de 2019 n’a alimenté ni l’imaginaire ni les discours nationaux des derniers mois. La doctrine de maintien de l’ordre et les violences policières ont été dénoncées lors du bilan du président sortant, les « mots de Gilets jaunes » ont pu être mentionnés par endroits sur un fond de sympathie plus ou moins distanciée mais les espoirs et les aspirations soulevés sur les ronds-points n’ont pas vraiment été repris.
Les mêmes convulsions continuent de secouer le pays, approfondies et transformées par la pandémie mais elles ne sont pas retravaillées, discutées, déconstruites ni redéfinies collectivement. C’est pourtant le travail de la politique quand les repères flanchent. C’est même la principale promesse démocratique car débattre ensemble donne plus de force, d’audace et de constance aux décisions engageant l’avenir collectif. Quand ce travail de débat et de refondation est abandonné, la politique recule et la confiance dans la puissance des cadres communs s’effrite.
Certes, les dernières campagnes électorales ont permis à certains médias d’ouvrir leurs antennes à des témoignages, portraits et analyses permettant de montrer les citoyens autrement que de façon cynique (« voyez comme ils sont bêtes et contradictoires ! ») ou instrumentalisée (« voyez comme ils sont d’accord… »). Ces tentatives ne sont cependant jamais sérieusement reprises par les dirigeants : ils ne sont jamais invités à refonder leurs questionnements et leurs pratiques à partir de ces propos. Soyons justes : les élus se soucient des habitants du pays et cherchent à leur proposer des solutions, mais une « boîte à outils » ne changera jamais la disposition d’esprit de quelqu’un qui doute du sens même de l’engagement qui lui est présenté.
Créer de véritables espaces de régénération démocratique est possible à condition d’écouter les gens et de travailler à partir de ce qu’ils disent plutôt que de les faire réfléchir sur la base de grilles d’analyses concoctées par les cabinets spécialisés. Sauf les dinosaures, pour ne pas dire éléphants, encore nombreux, qui réfléchissent dans des cadres de pensée d’avant les années 2000, plus personne ne doute que l’intelligence collective offre plus de garanties et de perspectives que des systèmes décisionnels reposant sur les idées d’une seule personne. C’est encore plus le cas dans un contexte évolutif et quand aucune majorité nette ne se dégage.
Gilets jaunes, COVID, guerre en Ukraine… la chronique du dernier mandat présidentiel illustre parfaitement l’immense incertitude dans laquelle nous évoluons et l’évolutivité rapide des contextes dans lesquels les programmes sont appelés à se déployer. Le second tour des législatives 2022 a donné une assemblée fragmentée mais, dès le premier tour, les deux coalitions les plus puissantes avaient à peine su convaincre 12,5 % des inscrits. Si l’on quitte les bancs du parlement, cela signifie donc qu’aucun parti, en France, ne trouve de crédit auprès de plus de 10 % des citoyens… De fait, même pour les partis dotés des plus solides bases programmatiques, le pays change trop vite pour pouvoir prétendre à l’immuabilité des mesures qu’ils proposent et à la justesse permanente du diagnostic.
Il serait de fait nécessaire pour tous les partis politiques d’entreprendre un travail d’écoute large, en allant au-delà de leurs bases militantes ou sympathisantes pour précisément se confronter aux abstentionnistes réguliers ou occasionnels. Pas pour faire la pédagogie d’un programme afin de convaincre les absents mais pour essayer de comprendre leurs problèmes, leur vision du monde, et travailler avec eux à des alternatives crédibles. Les électeurs absents n’ont pas plus raison que les autres au motif de leur abstention, ce serait un comble. En revanche, il y a dans cette large abstention un doute manifeste quant à l’utilité même de la politique et il revient aux partis de faire l’effort de trouver des moyens de comprendre et de réduire cette distance. Il en va de leur aptitude à ressourcer leurs discours et leurs propositions mais aussi leur légitimité à repérer, énoncer et incarner l’intérêt général et, enfin, de leur capacité à ne pas gouverner seul.
Regagner des marges de manœuvre passe ainsi, paradoxalement, par une pratique plus humble et modeste de la politique. Les habitants du pays l’ont compris depuis longtemps : ils attendent des signes de leurs dirigeants politiques leur montrant qu’eux aussi ont fait leur mue. C’est à cette seule condition que la politique trouvera les ressorts et l’énergie pour poser de grandes ambitions. Cette démarche suppose d’aller à la rencontre de l’ensemble des citoyens, pas seulement ceux qui a priori partagent nos opinions et de ne pas le faire seulement au moment des élections. Profitons-en, aucune élection n’est programmée dans les prochaines années : c’est donc sans doute le meilleur moment pour entamer ce patient travail de reconquête démocratique.