Les abstentionnistes, introuvables citoyens ?
La double séquence électorale que nous venons de vivre entre présidentielle et législatives livre une situation démocratique historique à deux points de vue : politiquement, nous héritons d’un président réélu mais dépourvu de majorité et démocratiquement nous constatons un niveau d’abstention record au point que si l’on cumule les quatre tours de scrutins une très large majorité d’électeurs s’est abstenue au moins une fois. Ces deux résultats sont intimement liés. Dans les urnes, l’absence d’électeurs se traduit par des équilibres locaux qui ne tiennent qu’à un fil (le nouvel échec des sondeurs signe cette imprévisibilité).

Pour la conduite des politiques publiques, cette mise en retrait d’une grande majorité de citoyens mine la légitimité et la crédibilité des gouvernants dans un cercle vicieux qui peut paraître sans fin. Le premier sujet, la perte de la majorité du gouvernement va probablement accaparer les partis et les éditorialistes pendant les prochaines semaines. Le second sujet, la perte de la majorité des électeurs risque une fois de plus de passer au second plan, rejetant encore plus ceux-ci dans les limbes démocratiques.
Du début à la fin, ces élections seront donc un nouveau rendez-vous raté… Malheureusement. À chaque élection le sujet de la (non) participation des citoyens aux élections s’invite à 20 heures pendant quelques minutes. À chaque élection tout le monde s’alarme. Et chaque échéance électorale aggrave de manière prévisible les questions qui se posent depuis des années. Le sujet a pu être occasionnellement éludé à la faveur de scrutins réputés « moins passionnants pour les électeurs » mais désormais plus rien ne résiste : ni la présidentielle, ni les municipales… Le problème est indubitablement constitué.
Ainsi, au second tour de l’élection présidentielle de 2022, l’abstention atteignait 28 % pour l’ensemble du corps électoral, mais surtout plus de 40 % chez les 18-24 ans. Au premier tour des législatives, le décrochage est encore plu