Guerre en Ukraine :
où en est-on ?
La contre-offensive déclenchée fin aout par la République d’Ukraine remporte des succès spectaculaires, mais pas à l’endroit où elle était annoncée. Depuis des mois, les officiels ukrainiens claironnaient cette offensive à l’extrême sud-ouest du front, et en une semaine une offensive de blindés et de forces spéciales très bien entrainées et bien conduites a relancé une guerre de mouvement à l’autre extrémité du front, du sud au nord de Kharkiv, et a libéré 5 500 km2, soit la taille d’un département comme la Seine-et-Marne.

À tel point que les blogueurs russes, anciens militaires ou spécialistes, pourtant nationalistes et pro-invasion (donc non-censurés), se déchainent contre la médiocrité du commandement russe et sont devenus la principale source d’information sur les progrès de l’armée ukrainienne (dont les chefs ne communiquent que sur les succès majeurs une fois consolidés). Selon eux, le battage ukrainien, pendant tout l’été, sur l’imminence d’une offensive au sud-ouest ne servait que de camouflage pour l’offensive au nord-est. Il est évident que cela a aussi fonctionné ainsi : les Russes ont dégarni le front de Kharkiv pour renforcer celui de Kherson. Mais cela ne veut pas dire qu’il ne se passe rien de sérieux au sud-ouest !
Examinons d’abord ces deux batailles, puis tirons-en quelques considérations sociales, politiques et prospectives : que va faire Poutine ? Que pouvons-nous faire ?
Sur le front nord-est
En 2014, suite à l’insurrection de l’Euromaïdan contre un président qui avait interrompu les négociations d’association avec l’Union européenne, la Douma ukrainienne avait désigné un gouvernement intérimaire regroupant toutes les composantes, y compris l’extrême droite. Les élections législatives organisées dans la foulée balayaient l’extrême droite et marquaient une lourde défaite des partis pro-russes. Les offensives russes de 2014-2015 appuyées par des milices sécessionistes pro-russes avaient occupé environ un tiers des deux oblasts (départeme