Un conflit israélo-israélien
Lundi dernier, Israël n’était plus un pays qu’on quittait, dans lequel on étudiait, se faisait soigner ou même investissait. En effet après 12 semaines de manifestations anti-gouvernement et pro-démocratie les samedis soir en fin de week-end, le mouvement contestataire a obligé le gouvernement à l’écouter en fermant à l’unisson toutes les universités du pays, interrompant tout décollage depuis l’aéroport de Tel-Aviv Ben-Gourion, ne traitant que les urgences dans les hôpitaux, ou encore en suspendant les activités du Stock Exchange et du secteur de la high-tech. Seuls les transports étaient maintenus, permettant à 80 000 personnes de se rassembler devant le Parlement à Jérusalem pour protester contre la réforme, tout comme permettant à une contre-manifestation d’avoir lieu au même endroit en soirée, les deux mouvements se croisant sur leur chemin retour et aller.

Cette réforme judiciaire déchaîne les passions car elle propose une vision particulière de la démocratie et des contre-pouvoirs en Israël, pays sans Constitution. Le tumulte de l’indépendance d’Israël reporta la rédaction d’une Constitution et trouva à la place la solution des Lois fondamentales, votées bout à bout par la Knesset, qui est éternellement constituante.
Dans ce système parlementaire, le gouvernement s’appuie obligatoirement sur la majorité du Parlement (minimum 60/120, actuellement 64/120) pour passer les lois ordinaires, mais aussi les lois organiques. La Cour suprême, remplissant à la fois les fonctions de Conseil constitutionnel, de Conseil d’État, et de Cour de cassation apparut donc comme seul garde-fou face à une Knesset pouvant voter à une simple majorité, des lois faisant guise de Constitution. En effet, avec un Président honorifique, un État centralisé sans pouvoir local (une seule circonscription sans conseils régionaux ou départementaux) à l’exception des municipalités, seule la Cour suprême peut réellement limiter le pouvoir exécutif en décidant de la constitutionnalité des