Un rapport sur la police oublié
La mort de Nahel par le tir d’un policier a provoqué ce qui est qualifié d’émeutes. Celles-ci ont de nouveau mis l’institution policière et les conditions d’exercice du métier de policier au centre des controverses.

Bien entendu, pour ce cas précis, il faudra attendre les résultats de l’enquête et le verdict de la justice. Mais ce qui ne peut attendre, car le déni sur ce point frise l’irresponsabilité dangereuse (cf. les propos de la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet le lundi 3 juillet sur France 2), c’est l’examen collectif approfondi de la nature et de l’ampleur des violences policières. Souvenons-nous de la manière parfois très brutale dont la police dispersait les gilets jaunes alors que le racisme n’était pas une catégorie d’intelligibilité des pratiques policières.
La France n’est pas le seul pays concerné par ce grave problème politique et institutionnel. Si nous parlons de violences policières en France, nous ne prétendons pas pour autant que l’institution policière est tout entière fondée sur une pratique ouvertement et juridiquement raciste. La police en France n’est ni la gardienne armée du maintien d’un apartheid ni celle de la séparation des « races ».
Après la mort de George Floyd le 25 mai 2020 à Minneapolis (USA), les signataires de cette tribune, alors tous membres du Conseil scientifique de la Dilcrah (Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT), se sont saisis, sur l’initiative de son président, Smaïn Laacher, de ce dramatique événement pour réfléchir sur les liens entre police, racisme et société française.
En tant que membres de ce Conseil scientifique (dissous par le gouvernement en janvier 2023) et conformément à notre rôle consistant à éclairer les décisions des responsables politiques, nous avons organisé vingt-et-une auditions entre janvier et mai 2021 auprès de chercheurs, policiers, gendarmes, journalistes, fonctionnaires, procureurs de la République, memb