Société

Un rapport sur la police oublié

Anthropologue, Sociologue, Sociologue, Sociologue et anthropologue, Sociologue, Philosophe

Notre société ne peut attendre l’examen collectif et approfondi de la nature et de l’ampleur des violences policières. La formation des policiers devrait viser à améliorer les relations entre police et population et ainsi (re)donner du sens au métier de policier : telle est la conclusion à laquelle sont parvenus les membres du Conseil scientifique de la DILCRAH au terme de leur rapport sur « Police et racisme ». C’est ce rapport, remis à la déléguée interministérielle en juillet 2021 mais jamais rendu public, que ses auteurs proposent ici de déterrer.

La mort de Nahel par le tir d’un policier a provoqué ce qui est qualifié d’émeutes. Celles-ci ont de nouveau mis l’institution policière et les conditions d’exercice du métier de policier au centre des controverses.

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Bien entendu, pour ce cas précis, il faudra attendre les résultats de l’enquête et le verdict de la justice. Mais ce qui ne peut attendre, car le déni sur ce point frise l’irresponsabilité dangereuse (cf. les propos de la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet le lundi 3 juillet sur France 2), c’est l’examen collectif approfondi de la nature et de l’ampleur des violences policières. Souvenons-nous de la manière parfois très brutale dont la police dispersait les gilets jaunes alors que le racisme n’était pas une catégorie d’intelligibilité des pratiques policières.

La France n’est pas le seul pays concerné par ce grave problème politique et institutionnel. Si nous parlons de violences policières en France, nous ne prétendons pas pour autant que l’institution policière est tout entière fondée sur une pratique ouvertement et juridiquement raciste. La police en France n’est ni la gardienne armée du maintien d’un apartheid ni celle de la séparation des « races ».

Après la mort de George Floyd le 25 mai 2020 à Minneapolis (USA), les signataires de cette tribune, alors tous membres du Conseil scientifique de la Dilcrah (Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT), se sont saisis, sur l’initiative de son président, Smaïn Laacher, de ce dramatique événement pour réfléchir sur les liens entre police, racisme et société française.

En tant que membres de ce Conseil scientifique (dissous par le gouvernement en janvier 2023) et conformément à notre rôle consistant à éclairer les décisions des responsables politiques, nous avons organisé vingt-et-une auditions entre janvier et mai 2021 auprès de chercheurs, policiers, gendarmes, journalistes, fonctionnaires, procureurs de la République, memb


[1] On parle aussi de “racisme institutionnel” ou de “racisme structurel”.

Évelyne Heyer

Anthropologue, Professeure d’anthropologie génétique au Muséum national d’histoire naturelle

Smaïn Laacher

Sociologue, Professeur de sociologie à l'Université de Strasbourg

Françoise Lantheaume

Sociologue, Professeure des universités émérite en sciences de l’éducation et de la formation à l’université Lyon 2

Philippe Liotard

Sociologue et anthropologue, Maître de conférences-HDR, enseignant chercheur à l’Université Claude Bernard Lyon 1

Régis Schlagdenhauffen

Sociologue, Maître de conférences en socio-histoire des catégories sexuelles à l’EHESS

Anna C. Zielinska

Philosophe, Maîtresse de conférences à l'université de Lorraine

Notes

[1] On parle aussi de “racisme institutionnel” ou de “racisme structurel”.